Une étude de grande ampleur menée récemment par le gouvernement britannique montre que la nature soigne.
Nous faisons partie de la nature. Revenir à elle est l’un des moyens les plus puissants d’améliorer notre bien-être mental et physique. Une récente initiative du gouvernement britannique en est une belle démonstration.
Cet article présente un programme soutenu par le gouvernement, peut-être le plus vaste de ce genre au monde. Plus de 8 000 personnes à travers l’Angleterre y ont participé, et les résultats sont remarquables.
Les participants engagés dans des activités dans la nature, telles que des promenades, du jardinage communautaire, la plantation d’arbres et la baignade en milieu naturel, ont observé des améliorations significatives de leur santé mentale.
Un participant, souffrant de problèmes de santé mentale liés à des traumatismes, a déclaré : « Pour moi, c’est mieux que les médicaments. C’est mieux que la Thérapie Cognitive et Comportementale (TCC). J’ai mon suivi avec mon thérapeute, et c’est très précieux, mais ce programme d’activités dans la nature est aussi important pour moi. »
Alors, même si les températures baissent, ne restez pas enfermés. Sortez. Allez autant que possible dans la nature. Faites une promenade, du yoga, observez les oiseaux, jardinez—tout ce qui vous fait du bien. La nature est là pour vous soutenir.
Les Jeux Paralympiques ont montré que, même avec des handicaps, on pouvait devenir un athlète. Le secret de ces sportifs ? La résilience. Vous aussi, vous pouvez developper votre résilience. Bonne nouvelle : le yoga thérapeutique peut vous y aider.
Paris 2024 a tiré sa révérence.
J’ai personnellement été émue aux larmes quand j’ai assisté à la rencontre hommes de basket fauteuil USA – Espagne à l’Arena Paris Bercy et à une matinée de para natation à l’Arena Paris La Défense, ces derniers jours. Normal… J’ai moi-même une carte Invalidité alors c’est mon monde.
Il faut voir ces athlètes de haut niveau, certains présentant une « déficience physique grave », assumés totalement qui ils sont. Prêts à en découdre, avec leur force et leur détermination. Quelle émotion de voir nager l’athlète brésilien Gabriel dos Santos Araujo, qui a remporté je ne sais combien de médailles pendant ces Jeux. 22 ans, né sans bras, il mesure 1,21 m. Il ondule comme un dauphin. Il a appris à nager à l’instinct. « Il n’y a pas tellement de choses que je puisse faire avec mon corps, donc je me bats avec les armes dont je dispose et je les travaille pour devenir plus fort. »
La résilience est un processus naturel de (sur)vie
Avec ces Jeux Paralympiques, j’ai vu de mes yeux à quel point la résilience est une force. Elle ne résout pas le problème de santé ou le handicap mais elle aide à trouver une nouvelle forme et à renaître de ses cendres. La résilience est un processus naturel de (sur)vie.
En y réfléchissant bien, nous avons tous ou avons tous eu un handicap, même temporaire, nous sommes tous malades de quelque chose. Sans parler des accidents de la vie tels que la rupture, la perte d’un statut, d’un emploi, etc.
Renaître une ènième fois à vous-même
Quelle que soit votre réalité, je vous invite à renaître une énième fois à vous-même, à faire grandir votre résilience. Le yoga thérapeutique est justement une pratique qui aide à développer la résilience, à la fois physique, émotionnel et mentale. Alors rejoignez-nous dans un prochain atelier dans le superbe studio du Centre Soins et Ressources à Paris (15e) pour muscler cette extraordinaire énergie de vie.
Parce que jusqu’à votre dernier souffle, et à toute étape de votre vie, vous êtes ici pour aimer, vous réinventer, créer et contribuer au monde.
Quasi inconnue, la yoga thérapie peut être une puissante alliée sur le chemin du bien-être. Voici tout ce que vous avez voulu savoir sur cette pratique sans jamais oser le demander.
Si le yoga est bien connu en Occident, la yoga thérapie est une toute jeune pratique complémentaire que seuls de rares initiés connaissent. Alors, c’est parti, je lève le voile.
Pour connaitre les origines de la yoga thérapie, il faut aller sur la côte Ouest des Etats-Unis et remonter à une personne en particulier : Larry Payne. Californien, athlétique, il est publicitaire à Los Angeles et gagne beaucoup d’argent. En apparence, c’est la belle vie. Mais en 1978, a 35 ans, le corps parle sous le poids du stress. Payne voit sa pression artérielle grimper et souffre d’un mal de dos chronique. Kinés, médicaments… Rien n’y fait. Jusqu’au jour où un ami l’amène dans un cours de yoga. C’est la révélation. Pour la première fois en deux ans, son mal de dos disparaît. Payne se sent renaître. Il continue à pratiquer le yoga et lâche son métier de publicitaire pour se consacrer à la pratique.
L’un des fondateurs de l’International Association of Yoga Therapists
Après un passage en Inde, il retourne à Los Angeles et travaille d’arrache-pied pour faire connaitre le yoga comme pratique complémentaire. Il enseigne le yoga, écrit plusieurs livres, sort des vidéos, apparait dans des émissions de radio et de télé et, en 1989, il devient l’un des fondateurs de l’International Association of Yoga Therapists (IAYT).
Ce qui marche vraiment dans le yoga et pourquoi
L’association trouve vraiment ses marques au début des années 2000. Elle veut rendre le métier de yoga thérapeute plus professionnel. Pour cela, il faut déterminer ce qui marche vraiment dans le yoga et pourquoi. Cela veut dire qu’il faut s’appuyer sur la science. C’est ce que l’IAYT va faire. L’association recense les études scientifiques—de plus en plus nombreuses–menées sur la yoga thérapie et certaines maladies chroniques. Une étape est franchie en 2004 lorsque l’IAYT fait rentrer des professionnels de santé de la médecine conventionnelle pour la première fois dans son conseil consultatif. En 2007, le premier symposium de yoga thérapie se tient à Los Angeles. L’association publie des standards pour la formation des yoga thérapeutes en 2012. Aujourd’hui, l’IAYT compte 5 600 membres d’une cinquantaine de pays et 150 écoles de formation. C’est le début de l’âge adulte.
Alors la yoga thérapie, c’est quoi ?
Beaucoup ont en tête que le yoga est une activité physique faite de stretching et de mouvements. Alors que non. Les yogis savent depuis des millénaires que le corps et l’esprit ne font qu’un. La yoga thérapie mobilise donc les capacités naturelles de votre corps et de votre esprit pour optimiser votre bien-être. Concrètement, le praticien utilise les outils du yoga—la méditation, la respiration yogique, les postures, etc.—mais aussi le soutien psycho-émotionnel grâce à la communication verbale et l’écoute active pour vous aider à vous sentir mieux.
La yoga thérapie, pour qui ?
J’entends souvent : « je suis trop raide », « trop gros.se »… pour faire du yoga. Mais la yoga thérapie, c’est pour tout le monde ! En effet, la pratique, enseignée en cours privé ou en petits groupes, peut aider des sportifs de haut niveau comme des personnes qui peuvent à peine bouger. Pour vous donner une idée, j’ai eu un professeur de yoga thérapeutique qui était paraplégique !
La yoga thérapie, pour quoi ?
Selon l’Organisation Mondiale pour la Santé (OMS), le monde fait face à une crise de santé mentale sans précédent. La yoga thérapie est une approche qui peut s’avérer une alliée efficace dans le cas d’anxiété, de dépression, de stress post-traumatique et d’insomnie, entre autres. Si le yoga n’est pas une potion magique, de plus en plus d’études scientifiques montrent que la pratique peut soulager, en outre, dans le cas de certaines maladies en particulier dans le cas de douleurs chroniques (douleurs lombaires, arthrite) et celles associées à la fibromyalgie par exemple. Elle a aussi toute sa place dans le soin apporté aux personnes souffrant de complications suite à un AVC (Accident Vasculaire Cérébral), de sclérose en plaques et de la maladie de Parkinson. De la même manière, elle complémente parfaitement les traitements de la médecine conventionnelle dans le cas de cancer, diabète et maladie cardiaque.
Mais attention, il n’y a pas besoin d’être souffrant pour bénéficier de la yoga thérapie. Elle peut être une aide précieuse pour vivre mieux. Tout simplement. Et ça, en soi, c’est déjà beaucoup.
Comment le yoga, grâce à ses techniques de respiration, peut débloquer les portes de l’intuition et de la créativité.
Un lien entre le yoga et l’intuition ? Oui, il existe, aussi curieux que cela puisse paraître.
La source de l’intuition est présente en chacun de nous. Le problème, c’est le bruit du mental. Celui-ci nous empêche d’avoir accès à ce que nous dit notre voix intérieure. Bonne nouvelle : le yoga peut aider grâce aux techniques de respiration ou les pranayamas qui incitent à faire taire le mental.
Comment ça marche
Faire des exercices de pranayama, c’est l’art de contrôler consciemment son souffle. Ces techniques de respiration agissent sur le système parasympathique pour créer un effet de relaxation. Leurs effets sont multiples et touchent des fonctions vitales : digestion, circulation sanguine, élimination, etc. Mais au-delà de l’équilibre du corps, la respiration agit aussi sur l’esprit et l’humeur comme je l’ai expliqué dans mon précédent billet, La yoga thérapie m’a sauvé la vie.
Ce n’est pas tout. Les pranayamas, associés au mouvement lent et à la concentration, ont également une action sur l’intuition et la créativité. Cette combinaison respiration/mouvement/concentration permet une présence à soi, une relaxation profonde et un équilibre du système nerveux–éléments essentiels pour être connecté à son intuition. C’est ce lâcher-prise qui permet d’accéder au subconscient et à sa petite voix intérieure.
Voir soudain clair
Nombreux sont ceux qui disent voir soudain clair pendant une séance de yoga sur la manière d’avancer dans une situation délicate de la vie quotidienne.
Moi-même, je ne compte plus les fois où la pratique du yoga m’a éclairée. Pas plus tard qu’hier, j’ai pris conscience en faisant du yoga de l’approche à utiliser dans une future séance de yoga thérapeutique individuelle, de manière à ce que celle-ci colle parfaitement aux besoins de ma cliente.
Sources: The Science of Yoga de William J. Broad, Radiance: Create an Amazing Life After Cancer (Kripalu Center, Massachussetts), De l’inspir à l’inspiration (magazine Inexploré N. 62, printemps 2024).
Une infection de mon lympheodème au bras m’a rappelée que je dois m’écouter. Encore et toujours.
Le 22 avril, comme presque chaque matin, j’ai pratiqué le yoga.
Enthousiasmée par l’atelier de yoga thérapeutique que j’avais enseigné la veille, j’ai fait la posture du pont en plaçant mes bras et mes épaules complétement en arrière. Pour quelqu’un souffrant d’un lymphœdème au bras lié au cancer du sein, c’était une erreur. J’ai baissé la garde. Je savais qu’il ne fallait pas vriller mon épaule. Le résultat ? Une mauvaise circulation de la lymphe et une infection du lymphœdème.
Depuis, gros coup de frein. J’ai revu mon emploi du temps pour me donner plus de respiration, pour la énième fois (j’ai depuis toujours tendance à en faire trop).
Ces jours-ci, j’ai un besoin viscéral de passer du temps dans la nature. Je marche. Je m’allonge au milieu des pâquerettes. Je lis. Je crée de l’espace. Les arbres, les oiseaux, le ciel sont là pour moi. Pour m’aider à me réparer. J’ai refait du yoga pour la première fois, trois semaines après l’incident. Depuis, je pratique avec bien plus d’écoute et d’empathie qu’avant.
Rappelez-vous : honorez votre parcours de bien-être. Quelle que soit la manière. Ça aussi, c’est de la yoga thérapie.
Notre expérience de vie s’exprime dans notre corps. C’est pour cela que j’invite mes clients en yoga thérapie à plonger au plus profond de leur chair pour écouter les messages du corps, puis à se dire, à rencontrer l’autre avec la parole. Pour, au bout du compte, se libérer des blessures émotionnelles.
C’est en surmontant deux maladies graves que j’ai commencé à travailler sur le corps et son intime relation avec le monde des émotions. J’ai beaucoup appris tout au long de ce chemin. J’ai pris conscience que tout traumatisme, toute information qui est trop douloureuse pour qu’elle arrive à la conscience, toute émotion réprimée se loge dans le corps sous forme de tension ou même, parfois, de maladie. J’ai pris conscience que notre psyché fait tout ce qu’elle peut pour oublier ces expériences et ces sentiments douloureux. Nous nous réfugions derrière nos masques et nos protections et, bien souvent, nous mettons le corps de côté.
Si l’on veut aller plus loin sur notre chemin du bien-être, si l’on veut vivre une vie qui est en harmonie avec ce que nous sommes profondément, alors il va nous falloir contacter et ressentir ces émotions enfouies afin de les accepter et les réintégrer en toute conscience dans le parcours de notre vie.
Pour y parvenir, nous allons avoir besoin de l’aide du corps. Tout simplement parce que le corps et la psyché ne font qu’un. Ces deux-là sont comme la main et le gant. Si la main bouge, le gant va bouger aussi. Autrement dit, toute notre expérience de vie s’exprime à l’intérieur de notre corps.
Alors comment ça marche, comment guérir nos blessures émotionnelles avec l’aide du corps ?
Le corps nous parle mais, la plupart du temps, nous ne prêtons pas attention aux signes, nous ne sentons rien. C’est pour cela que tout processus de guérison commence par une pause, par se mettre à l’arrêt. Ma professeure de yoga, Aline Frati, avait l’habitude de dire, “il n’y a pas de guérison sans repos, sans pause».
La question fondamentale : “Qu’est-ce que vous ressentez” ?
La yoga thérapie que j’enseigne s’appuie sur un yoga doux qui amène la personne à se centrer sur une respiration yogique à la fois lente et profonde tout en suivant un enchaînement de poses simples fait, lui aussi, à un rythme très lent. Cette lenteur va permettre d’écouter ce que le corps dit.
Une fois que nous avons écouté les messsages du corps, nous pouvons passer à l’autre étape du processus de guérison qui consiste à mettre en mots ce que nous ressentons, à dire notre expérience de vie. Nous avons besoin de partager nos rêves et nos blessures avec d’autres qui peuvent véritablement écouter et reçevoir qui nous sommes. Pour guérir, il nous faut aussi rencontrer l’autre. C’est pour cette raison que mes cours de yoga thérapeutique commencent et finissent par un cercle de parole. Je demande aux participants de s’engager à participer régulièrement aux cours, pour éviter les ruptures de lien entre les participants. En effet, dans ce travail de yoga thérapeutique, chaque personne avance sur son chemin de guérison grâce à la pratique du yoga, à mon travail de facilitatrice mais aussi à la relation qu’elle a avec les autres personnes du groupe.
Ce chemin de guérison est parfois difficile, il exige courage et patience. Mais quand on parvient à plus de bien-être intérieur et de joie, alors on sait que l’on a eu raison de prendre ce chemin-là et pas un autre.
Photo : Photo: Femme Accroupie , 1880-1882, Auguste Rodin. Expo ”Picasso-Rodin” au Musée Picasso à Paris, juin 2021.
Pendant trois jours à Atlanta, j’ai navigué au coeur d’une conférence pour psychologues et travailleurs sociaux qui aident les personnes atteintes du cancer à aller mieux spirituellement, émotionnellement, socialement et financièrement. La yoga thérapie peut parfaitement s’inscrire dans cette démarche de soin multidisciplinaire.
Lors de la conférence annuelle de l’APOS (American Psychosocial Oncology Society) le mois dernier, un thérapeute de couple expliquait comment un couple gay avait fait face à un diagnostique de cancer. « Continue ta vie. Trouve-toi quelqu’un qui ne soit pas cassé », a dit le patient atteint d’un cancer de la prostate à son partenaire. Au final, la maladie a rapproché les deux partenaires qui se sont mariés à l’issue des traitements.
Je me suis inscrite à cette conférence de trois jours qui a eu lieu a Atlanta, fin février, à la fois en tant que yoga thérapeute et personne ayant été atteinte d’un cancer à deux reprises. Participer à cette conférence a été une révélation.
J’étais entourée de 200 psychologues, travailleurs sociaux, infirmiers et chercheurs venus des quatre coins des Etats-Unis, qui travaillent avec des personnes touchées par le cancer . L’objectif de cette conférence était d’aider à répondre à une question : comment aider les personnes atteintes d’un cancer ?
Je crois bien que j’étais la seule yoga thérapeute présente pendant la conférence. « C’est bien d’être la première », m’a dit une psychologue du Vermont. Probablement. Surement.
J’ai appris que j’étais l’une des 15.5 millions de survivants du cancer aux Etats-Unis. J’ai aussi appris qu’un « véritable tsunami de personnes touchées par cette maladie va déferler sur le pays » selon Richard Wender, docteur en médecine chez l’American Cancer Society, principalement dû au vieillissement de la population.
Davantage de personnes atteintes d’un cancer veut aussi dire davantage de personnes en rémission grace, notamment, aux progrès de la medecine. La dépression, l’anxiété et la fatigue font partie du quotidien de nombreux de ces survivants. L’amélioration de leur bien-être est donc une priorité. C’est une excellente nouvelle pour moi car c’est dans ce domaine que je peux aider.
J’ai appris au cours de cette conférence que le personnel médical, les docteurs en premier lieu, ont invité pour la première fois, il y a une quinzaine d’années, des psychologues et des travailleurs sociaux à travailler en collaboration avec eux. Aujourd’hui, ces mêmes psychologues et travailleurs sociaux veulent inviter « autour de la table » des professionnels d’autres disciplines, notamment des médecines alternatives tels que les yoga thérapeutes. C’est, en tous les cas, ce que ces psychologues et travailleurs sociaux disent.
L’un des conférenciers a projeté un slide sur l’écran qui montrait un tag sur un mur de Jérusalem : « Vous n’avez pas besoin de vos yeux pour voir, vous avez besoin d’une vision ».
Justement, j’ai une vision. Je vois des cours de yoga thérapie, de Yoga for Renewal, enseignés dans un centre bien-être (ou peut-être plusieurs centres) pour les personnes atteintes du cancer. Ces cours feraient partie d’un programme de soin pour aider ces personnes « à reprendre pied dans leur vie », selon l’expression de Barbara Jones, PhD et assistante sociale, qui a cloturé la conférence. J’ai peut-être (enfin) trouver les bonnes personnes pour faire de cette vision une réalité.
Photo: Lisa Shea, art-thérapeute (à gauche), et Pat Eden, musicothérapeute (au centre), travaille pour le Psychosocial Oncology Program de la Cleveland Clinic dans la ville de Cleveland dans l’Ohio. Lisa et Pat proposent aux patients qui le souhaitent de chanter et/ou de dessiner et peindre pendant leurs séances de chimio. J’ai demandé à Lisa et Pat ce que cela change pour un patient. « Tout ! », a répondu Lisa.
L’intuition est un outil puissant, surtout lorsque l’on est dans une phase de rétablissement. Etre à l’écoute de mon intuition m’a aidé à garder mon sein et, en fin de compte, à guérir du cancer.
L’intuition est arrivée dans ma vie il y a 14 ans lorsque j’ai reçu le diagnostic de mon premier cancer du sein et commencé à pratiquer la yoga thérapie.
Lors de mon premier cancer, mon chirurgien a procédé à une chirurgie conservatrice, c’est-à-dire qu’il a enlevé la tumeur et conservé la partie saine du sein au lieu de faire l’ablation du sein (aussi appellée “mastectomie”).
La yoga thérapie m’a aidé à surnager les traitements médicaux et à rentrer davantage en contact avec mon intuition. La pratique m’a aidé à réduire les effets du stress chronique dont je souffrais et m’a permis de rentrer dans un état paisible à la fois physique et émotionnelle. Faire l’expérience de cette paix m’a donné accés à des moments de clareté sur les choix à faire dans des situations de la vie de tous les jours.
Dix ans plus tard, j’ai dû faire face à un second cancer. La tumeur était dans le même sein que la première fois. Je me suis retrouvée dans le cabinet de mon nouveau chirurgien. Il m’a annoncé, sans aucune hésitation, qu’il pouvait faire une chirurgie conservatrice comme mon premier chirurgien l’avait fait une décennie plus tôt. J’ai ressenti un immense soulagement. J’avais souffert d’insecurité émotionnelle, persuadée de ne pas être assez féminine, et cela pendant pendant des années. C’était ce qui m’avait poussé à rentrer en thérapie. Alors conserver mon sein–même s’il allait être “abîmé” par deux chirurgies–était vital pour moi.
J’avais plusieurs semaines pour me préparer pour la chirurgie.
Deux jours avant de rentrer à l’hôpital, mon chirurgien m’a appelé, la voix tremblante : “J’avais oublié la commission… J’ai été obligé de soumettre votre dossier à une commission… C’est la loi maintenant… Elle a voté pour la mastectomie”.
J’étais sans voix.
J’ai appris, ce jour-là, que l’Assurance Maladie francaise avait récemment mis en place le système “des commissions”. Désormais, tout docteur qui diagnostique un cancer chez un patient est tenu de soumettre le dossier de son patient à une commission. Il y a des centaines de commissions en France. Chacune est composée d’une douzaine d’experts tel qu’un oncologue, un radiologue, une assistante sociale, un docteur, etc. Sa mission est de réunir des professionnels afin qu’ils définissent le meilleur traitement pour le patient—le plus souvent sans jamais le rencontrer. L’objectif d’une commission est d’éviter une erreur de diagnostic qu’un médecin pourrait commettre ou d’éviter que le médecin en question ne prescrive un traitement inadéquate. Au bout du compte, les commissions sont là pour sauver des vies.
Dans quasiment tous les cas, les patients suivent l’avis des commissions.
Mon chirurgien était en faveur de la tumorectomie (l’opération qui consiste à enlever la tumeur uniquement). Pour lui, la mastectomie n’était pas justifiée. Au bout du compte, il m’a laissé le choix : “Je vous suivrai et vous soutiendrai quelque soit votre decision”.
C’était à mon tour de trembler : “j’ai besoin de digérer cette nouvelle. Laissez-moi 24 heures. Je vous appelerai demain pour vous dire quelle est ma décision”.
Les heures qui ont suivi ont été parmi les plus intenses de ma vie. Chaque cellule de mon corps me disait qu’il fallait que je garde mon sein.
J’ai appelé mon chirurgien le lendemain comme prévu : “Gardons notre première décision. Je préfère que vous enleviez la tumeur et que vous conserviez le reste du sein”.
Deux mois plus tard, j’avais rendez-vous avec l’oconlogue qui allait désormais me suivre et m’accompagner pendant la chimio. C’était la première fois que je le rencontrais. Je ne savais qu’une seule chose de lui : il était celui qui avait présidé “la commission”. Quand je suis entrée dans son bureau, il s’est exclamé : “alors, c’est VOUS” !
Il a eu un étrange sourire quand je lui ai dit que j’étais yoga thérapeute. Nous nous sommes vus toutes les trois semaines pendant huit mois. Non seulement il connaissait mon dossier médical mais il savait aussi que je divorçais et que mon père était atteint d’un cancer du poumon inopérable.
J’ai fini par guérir. Et me voici quatre ans plus tard—en bonne santé.
Je me souviens de ses paroles juste après la chimio : “continuez à faire ce que vous faites”. C’est exactement ce que je fais : je pratique la yoga thérapie et j’écoute mon intuition.