Médecine intégrative : ce que la médecine conventionnelle alliée à des pratiques complémentaires ou “sacred work” peut faire

J’utilise la médicine intégrative pour frayer mon chemin à travers le cancer métastatique que l’on m’a diagnostiqué il y a presqu’un an. La médicine intégrative est l’alliance de la médecine conventionnelle avec des approches complémentaires que j’appelle aussi “sacred work” (“travail sacré”). Les premiers résultats obtenus s’avèrent très positifs.

Je suis fière du collage que j’ai créé sous forme de mandala dans mon cours d’art thérapie qu’une association basée près de Paris offre deux fois par mois aux personnes touchées par le cancer. Cela m’aura pris six mois pour choisir les bonnes images et les placer à l’intérieur du mandala que j’avais tracé, sous les instructions de la yoga thérapeute. Ce processus de création m’a permis d’exprimer à quel point je me sentais brisée, en mille morceaux quand on m’a annoncé une récidive de cancer du sein avec des métastases aux os, dans le foie et au-dessus du sein (pectoral droit) en juin 2022 lors d’une visite médicale de routine alors que j’étais en vacances à Paris, ma ville natale (je vivais alors à Atlanta). De manière surprenante, le collage m’a aidée à progressivement recoller les morceaux.

J’étais et suis toujours reconnaissante pour mon oncologue et les progrès de la médecine dans le traitement du cancer. Ceci dit, je savais dès l’annonce qu’il me fallait déployer un dispositif de médecine intégrative pour avoir une chance de m’en sortir.

Selon le National Center for Complementary and Integrative Health américain, “la santé intégrative renvoie à l’adoption de pratiques issues de la médecine conventionnelle et de celles issues des pratiques complémentaires, de manière intégrée ».

C’était imprévu mais j’ai décidé de rester à Paris pour m’y installer, après 16 ans à Atlanta, alors que je rendais visite à ma famille l’été dernier. C’est ce que j’ai dû faire pour me sentir davantage « enveloppée ».

Dès mon diagnostic, j’ai commencé mon traitement conventionnel, une hormonothérapie (cachets et injections). J’ai aussi fait appel à des praticiens en médecine complémentaire pour m’aider à faire le « sacred work » (« travail sacré »), comme dit un pasteur de l’American Church in Paris lorsqu’il parle de processus de développement personnel.

Alors qu’est-ce que ce « sacred work » précisément ? C’est tout ce qui m’a aidé (et continue de m’aider) à guérir ma connexion esprit, corps et âme—la psychothérapie, la naturopathie, la réflexologie, l’art thérapie, la sophrologie et, bien sûr, le yoga.

J’ai revisité les traumatismes

Le « sacred work » est un travail difficile. En psychothérapie, j’ai revisité les traumatismes. Je me suis confrontée à mon sentiment d’insécurité profonde. J’ai exploré comment j’étais aux aguets, dès l’enfance, parce que ça pouvait tourner mal à tout moment avec ma mère qui souffrait de dépression et vivait avec des idées suicidaires. Je me suis frottée à la terreur que mon père avait de tout perdre depuis, qu’adolescent, il avait connu la grande précarité. J’ai analysé mon besoin de devenir la lumière de ma mère pour lui prouver que tout allait bien, pour la sortir de la dépression. J’ai interrogé ma croyance (qui date de la nuit des temps) que je ne pouvais pas être aimée simplement pour qui j’étais mais, qu’au contraire, il me fallait faire beaucoup pour être aimée des hommes que je choisissais—des hommes avec des egos surdimensionnés ou qui ne pouvaient pas tenir debout.

Sur mon tapis de yoga aussi, je me suis adonnée au travail sacré. Le yoga m’a aidée à me réguler, à aller dans l’introspection. Je me suis donnée du temps pour aller dans la respiration profonde, pour que cette respiration puisse dénouer les nœuds, créer de l’espace entre et à l’intérieur des organes, des tissus et du fascia. J’ai ressenti mon corps, mon esprit et mon cœur faire « un » avec l’univers. J’ai écouté mon intuition, et cette connaissance désormais approfondie de qui je suis, j’ai ressenti les émotions et les sentiments émerger. Pour moi qui suis toujours en mouvement, le yoga est vital.

Ma naturopathe m’a recommandé des compléments alimentaires pour contrer les effets secondaires du traitement médicamenteux. Sa foi dans la nature m’a guidée : « Il faut vous connecter physiquement à votre nouvelle terre. Marchez dans la nature, faites du yoga dans la nature, pieds nus, le plus souvent possible ».

Février 2023. Presque huit mois après avoir débuté mon traitement, le PET-Scan a montré que les lésions osseuses avaient un peu progressé tandis que les métastases dans le foie et dans le pectoral droit avaient disparu. « Qu’est-ce que vous en pensez, docteur ? ». « C’est génial ! », a déclaré mon oncologue.

Aucune étude ne peut le prouver mais je suis convaincue que le protocole de médecine intégrative que j’ai déployé, a contribué à l’amélioration de mon état de santé. Il me reste bien sûr encore un bon bout de chemin avant d’atteindre la pleine santé. Néanmoins, un an après mon diagnostic, me voilà prête à enseigner la yoga thérapie en personne à nouveau, à Paris (mon nouveau chez moi). Pour moi, c’est un bon signe. Un sacré bon signe même.

Août 2022. Je fais du yoga dans un parc à Choisy-le-Roi où je vis maintenant, à 8 km au sud de Paris. Pour sentir l’ancrage sur ma nouvelle terre.