“La respiration, c’est la vie !”

Les exercices de respiration–comme ceux pratiqués dans le yoga–peuvent nous faire un bien fou. Ceux qui les pratiquent le savent bien. Mais comment la respiration consciente, profonde impacte-t-elle le corps ? Explications recueillies d’une pharmacienne naturopathe.

« Respirez profondément ». « Respirez plus ! »… Vous avez sûrement déjà entendu ce genre de conseil. D’ailleurs si vous avez participé à l’un de mes cours de yoga thérapeutique, vous savez que je rappelle inlassablement, tout au long du cours, comment maintenir la respiration abdominale. C’est que les yogis ont compris depuis des millénaires que l’on peut agir sur la santé physique, mentale et émotionnelle en modifiant sa respiration. C’est pour cette raison que toute pratique du yoga implique aussi la pratique d’exercices de respiration (« Pranayama »).

Si tout le monde se doute bien de l’importance d’une respiration à pleins poumons, peu d’entre nous connaissent l’impact de la respiration sur la physiologie. Pour apporter des éléments de réponse, je me suis tournée vers Isabelle Bleuze qui a la rare singularité d’être à la fois pharmacienne et naturopathe.

Basée en Ile-de-France (Lagny-sur-Marne), elle navigue, toute passionnée qu’elle est, entre la pharmacie dans laquelle elle officie et son cabinet privé de naturopathie où elle soigne ses patients avec des compléments alimentaires, l’alimentation et autres moyens naturels.

« La respiration est un vecteur d’énergie »

Pour commencer, Isabelle rappelle, « la respiration, c’est la vie ! ».

Pour faire simple, la respiration est un système qui assure des échanges gazeux. On respire de l’air. Dans l’air, il y a de l’oxygène. Et l’oxygène est capital pour notre organisme. Isabelle explique aussi que l’ingestion de l’air permet d’alimenter tous les organes du corps (cœur, poumons, reins…) et d’éliminer les toxines de notre organisme, le tout pour assurer un parfait fonctionnement de notre corps. « La respiration est un vecteur d’énergie. C’est un carburant », souligne-t-elle.

Passionnée de biologie et de nutrition entre autre, Isabelle Bleuze est pharmacienne et naturopathe dans la région parisienne depuis 25 ans.

Ce n’est pas tout, la respiration agit aussi sur la vitesse des échanges cellulaires, sur le système nerveux et les hormones. La naturopathe est catégorique : « C’est pour cela que la respiration a un énorme pouvoir. En pratiquant une respiration profonde, diaphragmatique, on peut aider à résoudre de nombreux problèmes », assure-t-elle.

OK, bonne nouvelle, mais quels problèmes ?

L’effet « détente »

Isabelle cite d’abord l’effet « détente » de la respiration profonde et explique, « la respiration touche le nerf vague qui est le plus long nerf du corps qui court de la base du cerveau à l’abdomen. Et il se trouve que l’action de la respiration sur le nerf vague a de multiples bénéfices. En respirant en profondeur, on vide notre tête. On se débarrasse de notre cogitation. On agit sur l’humeur. On améliore notre clarté mentale. On se connecte plus facilement à notre intuition ». Isabelle poursuit : « on peut aussi travailler sur le sevrage lorsqu’il y a addiction, la perte de poids, l’envie de grignoter ».

La respiration peut agir même sur la fertilité

Autre élément capital de la respiration : le diaphragme, la cloison musculo-tendineuse en forme de coupole qui sépare l’abdomen du thorax. « En respirant au niveau du diaphragme, on apaise le cerveau et les intestins. On préserve le microbiote », affirme Isabelle, avant de continuer son scan du corps humain. « La respiration profonde peut faire beaucoup pour le mal de dos parce qu’elle aide à enlever les tensions ».

Pour Isabelle, la respiration peut agir même sur la fertilité : « la respiration aide à débloquer les secrétions hormonales liées à l’hypophyse et l’hypothalamus et cela a un impact sur la fertilité ».

Les choses bougent

L’Occident a mis bien plus de temps que les yogis à reconnaitre l’influence de la respiration sur la santé. Ceci dit, les choses bougent. Depuis plusieurs décennies, les résultats de nombreuses études scientifiques montrent les bienfaits que peuvent produire des exercices de respiration. Au point que le National Center for Complementary and Integrative Health américain (NCCIH) recommande les exercices de respiration (parmi d’autres techniques de relaxation) en cas d’hypertension artérielle, d’anxiété, de douleurs, pendant et après un traitement contre le cancer et l’insomnie. Alors, convaincu.e ?

Livre : Pranayama, la dynamique du souffle, d’André Van Lysbeth.

Sur ma route vers Atlanta, j’ai trouvé Essaouira

Mon épopée à Essaouira et ce qu’elle représente pour moi.

C’est un miracle. Comme il y en arrive parfois dans la vie si on prête attention.

Essaouira. Le Maroc.

Cela faisait des années que ma cousine Céline, qui vit en Ile-de-France et passe chaque année une semaine de vacances depuis 20 ans dans la ville fortifiée au bord de l’Atlantique, me proposait d’y séjourner avec elle. Mais voilà. Pas facile de planifier un voyage en Afrique du Nord tant que je vivais à Atlanta.

Le bon moment, c’est donc en janvier 2025. Première fois que je prends l’avion depuis que j’ai quitté Atlanta en juin 2022 pour des vacances en France avant que ma vie bascule après avoir reçu le diagnostic de la maladie. Première fois que j’ose à nouveau poser les pieds sur un autre continent. Et puis, il y a un signe qui présage déjà l’impact si fort de ce voyage : Essaouira est située quasiment sur la même latitude que l’état de la Géorgie. De l’autre côté de l’océan : Atlanta.

Une énergie forte

Très tôt, je sens une énergie forte, particulière. Je ne suis pas la seule d’ailleurs. Des surfeurs de toute l’Europe se retrouvent sur la plage d’Essaouira et viennent hisser leur « kyte » pour glisser et s’envoler sur la plus belle vague.

Trois cent mètres plus loin, à l’intérieur de la médina, contraste complet. Je suis submergée par les couleurs, les arômes, les senteurs qui s’échappent des échoppes des marchands d’épices, de fruits secs, du souk des fruits et légumes, de celui des poissons et j’en passe.
Ici, impossible de faire du yoga. Ici, mon yoga, c’est marcher deux ou trois heures par jour sur la plage, les pieds dans l’eau, le nez au vent, face au soleil. La tête remplie d’embruns.

Berbères, Arabes, Africains, et Européens…

Retour à la médina avec Céline, ma guide, qui a une connaissance impressionnante et un respect touchant pour cette ville et ses habitants. Des artisans de l’ancienne génération—les plus jeunes ne veulent plus faire ces métiers qui ne rapportent rien—cadencent leurs mouvements sur leur métier à tisser, rabotent et sculptent le bois, font plier le fer.

Avec ma cousine Céline, d’une générosité rare, sur les remparts de la ville.

Il y a des siècles, des ethnies ont convergé à l’intérieur des remparts d’Essaouira : Berbères, Arabes, Africains, et Européens et des groupes multiconfessionnels (musulmans, chrétiens et juifs). Ça se sent. Je ressens ce melting-pot aujourd’hui, comme celui si riche des Etats-Unis. Des touristes, font une halte d’une ou plusieurs semaines, voire plusieurs mois pour celles et ceux qui travaillent à distance.

Essaouira. Je suis en quelque sorte à mi-chemin entre Paris et Atlanta. L’étape nécessaire. Comment dit-on déjà ? L’essentiel n’est pas d’arriver. L’essentiel, c’est le chemin.

Une vue d’Essaouira d’un rooftop au-dessus du souk aux poissons.

Comme les para athlètes, musclez votre résilience

Les Jeux Paralympiques ont montré que, même avec des handicaps, on pouvait devenir un athlète. Le secret de ces sportifs ? La résilience. Vous aussi, vous pouvez developper votre résilience. Bonne nouvelle : le yoga thérapeutique peut vous y aider.

Paris 2024 a tiré sa révérence.

J’ai personnellement été émue aux larmes quand j’ai assisté à la rencontre hommes de basket fauteuil USA – Espagne à l’Arena Paris Bercy et à une matinée de para natation à l’Arena Paris La Défense, ces derniers jours. Normal… J’ai moi-même une carte Invalidité alors c’est mon monde.

Il faut voir ces athlètes de haut niveau, certains présentant une « déficience physique grave », assumés totalement qui ils sont. Prêts à en découdre, avec leur force et leur détermination. Quelle émotion de voir nager l’athlète brésilien Gabriel dos Santos Araujo, qui a remporté je ne sais combien de médailles pendant ces Jeux. 22 ans, né sans bras, il mesure 1,21 m. Il ondule comme un dauphin. Il a appris à nager à l’instinct. « Il n’y a pas tellement de choses que je puisse faire avec mon corps, donc je me bats avec les armes dont je dispose et je les travaille pour devenir plus fort. » 

La résilience est un processus naturel de (sur)vie

Avec ces Jeux Paralympiques, j’ai vu de mes yeux à quel point la résilience est une force. Elle ne résout pas le problème de santé ou le handicap mais elle aide à trouver une nouvelle forme et à renaître de ses cendres. La résilience est un processus naturel de (sur)vie.

En y réfléchissant bien, nous avons tous ou avons tous eu un handicap, même temporaire, nous sommes tous malades de quelque chose. Sans parler des accidents de la vie tels que la rupture, la perte d’un statut, d’un emploi, etc.

Renaître une ènième fois à vous-même

Quelle que soit votre réalité, je vous invite à renaître une énième fois à vous-même, à faire grandir votre résilience. Le yoga thérapeutique est justement une pratique qui aide à développer la résilience, à la fois physique, émotionnel et mentale. Alors rejoignez-nous dans un prochain atelier dans le superbe studio du Centre Soins et Ressources à Paris (15e) pour muscler cette extraordinaire énergie de vie.

Parce que jusqu’à votre dernier souffle, et à toute étape de votre vie, vous êtes ici pour aimer, vous réinventer, créer et contribuer au monde.

Atelier du 14 sept. 2024
Atelier du 13 oct. 2024
Atelier du 27 oct. 2024
Atelier du 10 nov. 2024
Atelier du 24 nov. 2024
Atelier du 8 déc. 2024

Ralentir : « Ne rien faire, c’est déjà faire quelque chose »

Se donner la permission de vivre au ralenti, par intermittance, est indispensable pour la santé physique mais aussi et surtout pour la santé mentale. Bonne nouvelle : la yoga thérapie peut aussi aider à faire ça.

En cette saison estivale, je ne vous souhaite qu’une chose : RA-LEN-TIR.

Ralentir et, si possible, le faire au contact de la nature. C’est essentiel pour guérir, pour se retrouver et se recentrer, pour ressentir, pour être pleinement présent à cette vie qui nous est donnée d’expérimenter, avec ses joies et ses souffrances. Parce que des bas, il y en a forcément, pour chacun de nous, quel que soit notre âge, notre genre, notre couleur de peau, notre statut social, notre santé mentale et physique.

Or, contrairement à ce qu’on pourrait croire, ralentir n’est pas toujours chose facile. Pris dans le tourbillon de nos obligations, nous vivons le plus souvent en mode automatique, ce qui nous empêche d’être en contact avec qui nous sommes profondément.

Des idées, une clarté, des émotions émergent

Alors que lorsque vous vous donnez la permission de vivre au ralenti (pendant les vacances par exemple), quand vous vous promenez dans la nature en prenant tout votre temps, en flânant, en vous arrêtant autant de fois et aussi longtemps que vous en avez envie, alors vous vous permettez de rentrer en contact avec votre ressenti, avec vos besoins profonds, avec votre créativité aussi. Des idées, une clarté, des émotions émergent.

Comme dit mon ami réflexologue Rodrigue Vilmen, « Ne rien faire, c’est déjà faire quelque chose ».

Voyage initiatique

Il y a quelques semaines, je suis allée « glamper » (association de « glamour » et « camper ») en Haute-Savoie. Lors de ce voyage, j’ai rencontré des paysages grandioses. Je m’y suis prélassée, j’ai marché un peu, j’ai lu sous les grands conifères. Ce « rien faire » s’est transformé, sans que je m’y attende, en voyage initiatique où j’ai ressenti, par moments, de la tristesse à propos d’expériences passées mal digérées. Parce que ralentir, ça veut aussi dire se donner le temps de ressentir ce qui est enfoui mais qu’on n’exprime pas. Ressentir pleinement ma tristesse a été bénéfique car cela m’a permis de l’accepter, de ne pas en avoir peur, et commencer à la dépasser.

Les somptueux paysages de la Haute-Savoie ressourcent !

Quand vous serez rentré.e de vacances, vous pourrez vous reconnecter à ce « rien faire », à ce lâcher-prise en participant aux ateliers de yoga thérapeutique que je propose à partir du dimanche 1er septembre. Ensemble, nous nous replongerons dans le « ralentir ». Pour ressentir et continuer à dénouer les nœuds, tensions, restrictions qui sont logés dans les tissus du corps. Pour respirer et vivre avec plus de liberté et de joie.

Atelier du 1er sept. 2024
Atelier du 14 sept. 2024
Atelier du 13 oct. 2024
Atelier du 27 oct. 2024
Atelier du 10 nov. 2024
Atelier du 24 nov. 2024
Atelier du 8 déc. 2024

La yoga thérapie pour les nuls

Quasi inconnue, la yoga thérapie peut être une puissante alliée sur le chemin du bien-être. Voici tout ce que vous avez voulu savoir sur cette pratique sans jamais oser le demander.

La yoga thérapie, c’est quoi ?

Parlons de yoga d’abord. Beaucoup pense que le yoga est une activité physique faite de stretching et de mouvements. Alors que non, pas seulement. Les yogis savent depuis des millénaires que le corps et l’esprit ne font qu’un. Ils ont donc imaginé une pratique, le yoga, qui touche la personne dans sa totalité, au niveau physique, mental, émotionnel et spirituel. Tout yoga peut donc être, par définition, thérapeutique. Alors qu’est-ce qui différencie le yoga de la yoga thérapie ?

D’abord, la/le yoga thérapeute crée une relation thérapeutique avec vous. Elle/il adapte les outils du yoga—méditation, respiration yogique, les postures, etc..—à vous, pour mobiliser les capacités naturelles de votre corps et de votre esprit dans le but d’optimiser votre bien-être. Avec la yoga thérapie, la notion de faire bien ou mal une pose disparait. La/le thérapeute utilise aussi le soutien psycho-émotionnel grâce à la communication verbale et l’écoute active pour vous aider à vous sentir mieux. En résumé, la yoga thérapie, c’est un accompagnement personnalisé vers un mieux-être.

Idéal en séance individuelle, le yoga thérapeutique peut aussi se pratiquer en (très) petit groupe.

La yoga thérapie, pour qui ?

J’entends souvent : « je ne peux pas faire du yoga, je suis trop raide », « trop gros.se »… Mais la yoga thérapie, c’est pour tout le monde, quel que soit votre âge et votre condition physique, y compris si vous êtes en situation de handicap.

La yoga thérapie, pour quoi ?

Selon l’Organisation Mondiale pour la Santé (OMS), le monde fait face à une crise de santé mentale sans précédent. Dans un tel contexte, la yoga thérapie est une approche qui peut s’avérer une alliée efficace, en particulier dans le cas d’anxiété, de dépression, de stress post-traumatique et d’insomnie. De plus en plus d’études scientifiques montrent que la pratique peut soulager, en outre, dans le cas de certaines maladies en particulier dans le cas de douleurs chroniques (douleurs lombaires, arthrite) et celles associées à la fibromyalgie par exemple. Elle a aussi toute sa place dans le soin apporté aux personnes souffrant de complications suite à un AVC (Accident Vasculaire Cérébral), de sclérose en plaques et de la maladie de Parkinson. De la même manière, elle complémente parfaitement les traitements de la médecine conventionnelle dans le cas de cancer, diabète et maladie cardiaque.

Il n’y a cependant pas besoin d’être souffrant pour bénéficier de la yoga thérapie. Elle peut tout simplement être une aide précieuse pour vivre mieux. Et ça, en soi, c’est déjà beaucoup.

Les origines

Pour tracer les origines de cette nouvelle médecine complémentaire, il faut aller sur la côte Ouest des Etats-Unis et remonter à une personne en particulier : Larry Payne. Californien, athlétique, il est publicitaire à Los Angeles et gagne beaucoup d’argent. En apparence, c’est la belle vie. Mais en 1978, à 35 ans, le corps parle sous le poids du stress. Payne voit sa pression artérielle grimper et souffre d’un mal de dos chronique. Kiné, médicaments… Rien n’y fait. Jusqu’au jour où un ami l’amène dans un cours de yoga. C’est la révélation. Pour la première fois en deux ans, son mal de dos disparaît. Payne se sent renaître. Il continue à pratiquer le yoga et lâche son métier de publicitaire pour se consacrer à la pratique.

Après un passage en Inde, il retourne à Los Angeles et travaille d’arrache-pied pour faire connaitre le yoga comme pratique complémentaire. Il enseigne le yoga, écrit plusieurs livres, sort des vidéos, apparait dans des émissions de radio et de télé et, en 1989, il devient l’un des fondateurs de l’International Association of Yoga Therapists (IAYT).

Ces vingt dernières années

L’association trouve vraiment ses marques au début des années 2000. Elle veut être la voix du yoga thérapeutique auprès du grand public et des institutions de médecines complémentaires et intégratives. L’IAYT commence par s’appuyer sur la science et recense les études scientifiques—de plus en plus nombreuses–menées sur la yoga thérapie et certaines maladies chroniques. Une étape est franchie en 2004 lorsque l’IAYT fait rentrer des professionnels de santé de la médecine conventionnelle pour la première fois dans son conseil consultatif. En 2007, le premier symposium de yoga thérapie se tient à Los Angeles. L’association publie des standards pour la formation des yoga thérapeutes en 2012.

Aujourd’hui, l’IAYT compte 5 600 membres d’une cinquantaine de pays et 150 écoles de formation. Nous n’en sommes qu’au tout début du yoga thérapeutique et de ce que la pratique peut apporter dans la santé publique.

Le yoga thérapeutique se pratique en séance individuelle ou en petits groupes.

Sources :
International Association of Yoga Therapists
Yoga Therapy Health\
The Science of Yoga: the Risks and the Rewards, by William J. Broad (2012)

La yoga thérapie m’a sauvé la vie

Je suis une survivante récidiviste du cancer. L’oncologie conventionnelle prends soin de mon corps et de mes cellules. Mais elle a aussi besoin d’un coup de main. C’est pour cela que je pratique la yoga thérapie comme complément. Pour vivre pleinement. Et pas seulement survivre.

Le yoga a été une véritable révélation. J’ai commencé à le pratiquer peu après avoir reçu le diagnostic de mon premier cancer du sein localisé, il y a vingt ans. Quelque chose a changé dès mon premier cours. Je me suis sentie connectée à mon corps. J’ai aussi ressenti une énorme fatigue. Alors qu’auparavant, je n’en avais aucune idée, j’ai pris conscience combien j’avais forcé toute ma vie pour répondre aux besoins des autres. Pour la première fois, grâce au yoga, je « descendais » à l’intérieur de mon corps, je ressentais au lieu de vivre exclusivement dans ma tête.

Ne vous détrompez pas ! Je suis reconnaissante et chanceuse d’avoir reçu les traitements de la médecine conventionnelle depuis 2004. Les progrès scientifiques font des miracles. Néanmoins, l’oncologie se focalise exclusivement sur le corps et néglige, hélas, les autres aspects de l’expérience humaine, l’émotionnel, le mental et le spirituel.

C’est pour ça que la yoga thérapie a été un véritable sauveur pour moi. A tel point que je suis devenue ensuite yoga thérapeute.

J’étais « fracturée »

Je me souviens aussi très bien de l’été 2022 lorsqu’on m’a diagnostiqué un cancer du sein métastatique alors que j’étais en vacances à Paris. Il m’était désormais impossible de poursuivre ma vie à Atlanta. En une semaine, j’ai pris la décision de lâcher ce que j’avais construit aux Etats-Unis pendant des années et de m’installer à nouveau à Paris. Dans la foulée, j’ai commencé mon traitement anticancer conventionnel. Tout se mettait en place. Pourtant sur le plan psychologique, j’étais « fracturée ». Combien de temps me restait-il à vivre ? Chez moi, c’était où ? A Paris, ma terre natale ? Ou bien à Atlanta où j’avais trouvé la « vraie » Elisabeth ? Est-ce que je pouvais légitimement continuer à être yoga thérapeute tout en vivant avec cette maladie ? Je ressentais au plus profond de mon corps la peur mais, plus encore, la confusion et le déracinement.

L’urgence était donc de m’enraciner là où je vivais désormais. Le yoga a de nouveau été la réponse. Jour après jour, j’ai pratiqué dans la nature, dans un parc près de Paris, pour sentir (au sens littéral du terme) cette terre qui était, à la fois, si familière et étrangère pour moi. A la fin de ma pratique de yoga, je m’allongeais sur l’herbe, absorbant l’énergie de la terre et du soleil. Jour après jour, je me sentais un peu plus ancrée, un peu plus forte et stable sur mes deux pieds.

Le corps et l’esprit sont inextricablement liés

Le but de mes séances de yoga thérapeutique était aussi de renforcer mon traitement anticancer conventionnel, de le rendre encore plus efficace. On appelle l’alliance de l’oncologie conventionnelle avec les médecines complémentaires l’oncologie intégrative. Jusqu’à présent, l’alliance marche.

Sept mois après avoir commencé mon traitement, les résultats de mon PET-scan montraient que les métastases au foie et dans le muscle pectoral droit avaient disparu. Le PET-scan suivant, huit mois plus tard, a lui aussi montré des résultats étonnants : une régression de 36 % des métastases restantes (osseuses).

Alors comment fonctionne une pratique comme le yoga thérapeutique ? Qu’est-ce que la science nous dit sur cette pratique millénaire méditative qui associe corps et esprit ?

Le Parc Interdépartemental de Choisy Paris Val-de-Marne (9 km de Paris).
L’écrin de verdure où j’ai pratiqué le yoga thérapeutique pendant l’été et l’automne 2022.

En premier lieu, les yogis disent depuis des milliers d’années que le corps et l’esprit sont inextricablement liés. Ensuite, ils ont aussi compris que la respiration est l’élément central qui fait que le corps et l’esprit vivent entrelacés, l’un soudé à l’autre. C’est d’ailleurs la manière dont le yoga utilise la respiration qui rend cette pratique si efficace. Maintenant, regardons la respiration de plus près.

Le yoga est fait d’exercices de respiration lente et rapide, en coordination avec des mouvements du corps et des membres en particulier. Lorsque vous respirez rapidement, le stock de dioxyde de carbone dans le corps diminue sans pour autant beaucoup augmenter le niveau d’oxygène. Le phénomène peut provoquer des vertiges, des maux de tête et des étourdissements entre autres. C’est pour cela que la respiration rapide doit être faite sous la guidance d’un enseignant de yoga expérimenté. La respiration rapide yogique a aussi des répercussions sur l’humeur. Un exercice de respiration rapide tel que Bhastrika (le soufflet de forge) amène un sentiment d’exaltation, d’énergie jubilatoire.

La respiration yogique influence notre humeur

Lorsqu’au contraire vous respirez lentement, les répercussions au niveau de l’humeur sont tout à fait différentes. L’exercice de respiration lente appelée Ujjayi fait respirer une personne environ dix fois plus lentement qu’un adulte à l’état de repos. Dans ce cas, la respiration lente augmente le niveau de dioxyde de carbone dans le sang. Le phénomène entraine une relaxation profonde, un sentiment de vigilance tranquille, une sensibilité plus aiguisée. En bref, la respiration yogique influence l’humeur. Les exercices de respiration rapide ont tendance à faire monter l’énergie tandis que les exercices de respiration lente ont tendance à la calmer.

Vivre avec la sensation d’un plus grand bien-être. Être dans le moment présent. Prêter attention au ressenti et non plus vivre seulement dans le mental. Voilà une posture qui est un précieux auxiliaire à un traitement anticancer pour aider à sauver une vie.




Source : The Science of Yoga: The Risks and The Rewards (2012) de William J. Broad.

Note : La yoga thérapie ne remplace pas l’expertise et les conseils de votre docteur (généraliste ou spécialiste). Je vous encourage donc à discuter d’abord avec votre docteur de toute décision concernant tout traitement.





Parlons bien-être

Parce que le monde s’intéresse enfin au bien-être, j’ai adapté pour le grand public un atelier que j’avais conçu, il y a trois ans, à l’origine pour des personnes qui cherchaient à rebondir après une maladie grave. Le nouvel atelier, intitulé Achieve Wellness In Uncertain Times, donne une vision inédite de ce qu’est le bien-être.

C’était à la fois en tant que yoga thérapeute et double survivante du cancer, qu’en 2017, j’avais créé un atelier de trois jours que j’avais baptisé Thriving After Illness–A Transformational Workshop.

A l’origine, l’atelier était destiné aux personnes qui se remettaient d’un problème de santé. Le but de l’atelier était d’aider les personnes à retrouver le bien-être, à se reconnecter avec leur force de vie et à émerger plein de vivance après l’épreuve de la maladie. J’y partageais ce qui m’avait aidé sur mon propre chemin vers la santé.

L’atelier s’appuyait sur trois approches : le yoga, la thérapie gestalt et la nutrition. J’y enseignais le yoga que j’avais appris pendant 14 ans auprès d’Aline Frati, ma professeure à Paris–un yoga à la croisée des chemins entre le corps et l’esprit.

« Que ressentez-vous ? », « Que se passe-t-il pour vous ? », « Quels sont vos rêves ? »… Avec des questions comme celles-ci, je faisais aussi appel à la thérapie gestalt en invitant les participants à explorer leur humanité, à parler de leur parcours de vie, convaincue qu’un chemin d’introspection et de partage avec l’autre est un élément indispensable pour retrouver la santé.

Enfin, nous parlions d’alimentation car l’alimentation, quand elle est bonne pour soi, est porteuse de vie et de lumière.

Depuis, le monde a changé.

Aujourd’hui, la pandémie fait remonter à la surface toutes nos zones d’ombres non résolues, qu’elles soient liées à notre corps, nos émotions, nos relations ou nos objectifs de vie. Même ceux d’entre nous qui n’avaient jamais réfléchi au bien-être, s’intéressent maintenant à la question.

Ce constat m’a amené a adapté Thriving After Illness pour le proposer à un public plus large.

Mon nouvel atelier, Achieve Wellness In Uncertain Times, est accessible à tous, plus seulement aux personnes qui se relèvent d’une maladie grave. Il s’agit d’une discussion live, virtuelle dans laquelle je partage comment j’ai appris à gèrer mon stress et comment j’ai trouvé ma place dans le monde. J’y pose des questions, parfois des questions difficiles, des questions nécessaires pour grandir. J’invite les participants à partager leur vécu et leur ressenti. Des liens se font. Parfois, les participants trouvent immédiatement les réponses à certaines questions. D’autres fois, les réponses leur viennent bien après la fin de l’atelier. Comme l’a dit l’un des stagiaires à l’issu d’un atelier : « j’ai beaucoup de questions auxquelles je n’avais jamais pensé ». Ce qui est sûr, c’est que les stagiaires repartent avec une toute autre vision du bien-être.

J’ai animé Achieve Wellness In Uncertain Times pour la toute première fois pour l’Alliance Française d’Atlanta en septembre 2020. Je présenterai l’atelier au public de l’Alliance Française de Portland en mars 2021 et à celui de l’Alliance Française d’Edmonton en mai 2021 avant, je l’éspère, de le faire découvrir à d’autres publics. Car maintenant, tout le monde a besoin de bien-être !

“Octobre rose” : c’est l’intuition qui a sauvé mon sein

L’intuition est un outil puissant, surtout lorsque l’on est dans une phase de rétablissement. Etre à l’écoute de mon intuition m’a aidé à garder mon sein et, en fin de compte, à guérir du cancer.

L’intuition est arrivée dans ma vie il y a 14 ans lorsque j’ai reçu le diagnostic de mon premier cancer du sein et commencé à pratiquer la yoga thérapie.

Lors de mon premier cancer, mon chirurgien a procédé à une chirurgie conservatrice, c’est-à-dire qu’il a enlevé la tumeur et conservé la partie saine du sein au lieu de faire l’ablation du sein (aussi appellée “mastectomie”).

La yoga thérapie m’a aidé à surnager les traitements médicaux et à rentrer davantage en contact avec mon intuition. La pratique m’a aidé à réduire les effets du stress chronique dont je souffrais et m’a permis de rentrer dans un état paisible à la fois physique et émotionnelle. Faire l’expérience de cette paix m’a donné accés à des moments de clareté sur les choix à faire dans des situations de la vie de tous les jours.

Dix ans plus tard, j’ai dû faire face à un second cancer. La tumeur était dans le même sein que la première fois. Je me suis retrouvée dans le cabinet de mon nouveau chirurgien. Il m’a annoncé, sans aucune hésitation, qu’il pouvait faire une chirurgie conservatrice comme mon premier chirurgien l’avait fait une décennie plus tôt. J’ai ressenti un immense soulagement. J’avais souffert d’insecurité émotionnelle, persuadée de ne pas être assez féminine, et cela pendant pendant des années. C’était ce qui m’avait poussé à rentrer en thérapie. Alors conserver mon sein–même s’il allait être “abîmé” par deux chirurgies–était vital pour moi.

J’avais plusieurs semaines pour me préparer pour la chirurgie.

Deux jours avant de rentrer à l’hôpital, mon chirurgien m’a appelé, la voix tremblante : “J’avais oublié la commission… J’ai été obligé de soumettre votre dossier à une commission… C’est la loi maintenant… Elle a voté pour la mastectomie”.

J’étais sans voix.

J’ai appris, ce jour-là, que l’Assurance Maladie francaise avait récemment mis en place le système “des commissions”. Désormais, tout docteur qui diagnostique un cancer chez un patient est tenu de soumettre le dossier de son patient à une commission. Il y a des centaines de commissions en France. Chacune est composée d’une douzaine d’experts tel qu’un oncologue, un radiologue, une assistante sociale, un docteur, etc. Sa mission est de réunir des professionnels afin qu’ils définissent le meilleur traitement pour le patient—le plus souvent sans jamais le rencontrer. L’objectif d’une commission est d’éviter une erreur de diagnostic qu’un médecin pourrait commettre ou d’éviter que le médecin en question ne prescrive un traitement inadéquate. Au bout du compte, les commissions sont là pour sauver des vies.

Dans quasiment tous les cas, les patients suivent l’avis des commissions.

Mon chirurgien était en faveur de la tumorectomie (l’opération qui consiste à enlever la tumeur uniquement). Pour lui, la mastectomie n’était pas justifiée. Au bout du compte, il m’a laissé le choix : “Je vous suivrai et vous soutiendrai quelque soit votre decision”.

C’était à mon tour de trembler : “j’ai besoin de digérer cette nouvelle. Laissez-moi 24 heures. Je vous appelerai demain pour vous dire quelle est ma décision”.

Les heures qui ont suivi ont été parmi les plus intenses de ma vie. Chaque cellule de mon corps me disait qu’il fallait que je garde mon sein.

J’ai appelé mon chirurgien le lendemain comme prévu : “Gardons notre première décision. Je préfère que vous enleviez la tumeur et que vous conserviez le reste du sein”.

Deux mois plus tard, j’avais rendez-vous avec l’oconlogue qui allait désormais me suivre et m’accompagner pendant la chimio. C’était la première fois que je le rencontrais. Je ne savais qu’une seule chose de lui : il était celui qui avait présidé “la commission”. Quand je suis entrée dans son bureau, il s’est exclamé : “alors, c’est VOUS” !

Il a eu un étrange sourire quand je lui ai dit que j’étais yoga thérapeute. Nous nous sommes vus toutes les trois semaines pendant huit mois. Non seulement il connaissait mon dossier médical mais il savait aussi que je divorçais et que mon père était atteint d’un cancer du poumon inopérable.

J’ai fini par guérir. Et me voici quatre ans plus tard—en bonne santé.

Je me souviens de ses paroles juste après la chimio : “continuez à faire ce que vous faites”. C’est exactement ce que je fais : je pratique la yoga thérapie et j’écoute mon intuition.