Mes tout premiers souvenirs d'enfance sont des souvenirs où je me vois réconforter ma mère et d'autres. Rien d’étonnant donc que j’ai mis au point ma propre méthode pour aider la personne à (re)trouver le chemin du bien-être, Yoga for Renewal.
J’ai trois ou quatre ans. C’est le milieu de la nuit et je suis chez moi, dans notre petit deux pièces perché au 4ème étage d’un immeuble sans ascenceur à Belleville à Paris. Mon père est en déplacement, il construit une école ou un hôpital en province, dort dans un sac de couchage sur le chantier. Il n'y a pas assez d'argent pour l'hôtel. Je suis là, debout au milieu de l’appartement et je regarde ma mère. Elle est dans la salle de bains, debout aussi, la tête penchée au dessus du lavabo. Il n’y a presque pas de lumière. Elle saigne du nez. Je vois le sang tombé, goutte à goutte, j'ai l'impression pendant des heures. J’ai peur. Je n’aime pas voir ce rouge sur le blanc de l’émail. Je veux rester là au cas où elle aurait besoin… Plus tard, elle me confirmera que ses saignements de nez –qui arrivaient toujours au beau milieu de la nuit et quand mon père était absent— duraient bel et bien des heures.
En panique
Une autre nuit. J’ai le même âge, peut-être plus petite encore. Mon père est en province, il travaille sur un autre chantier. Je suis emmitoufflée dans une couverture, dans les bras de ma mère. En panique, elle dévale les quatre étages de l’immeuble où nous vivons. Nous sommes à l’arrière d’un taxi. Le chauffeur a une voix bienveillante. Il doit se demander ce que nous faisons dehors à cette heure-ci. Plus tard, ma mère me dira qu’elle avait des pulsions suicidaires ; le vide l’attirait… Quand elle sentait ces pulsions venir, elle me prenait dans ses bras et nous descendions les escaliers à toute vitesse jusqu’à ce qu’elle aille mieux.
Il y a des années un jour que ma mère et moi nous baladions à Montmartre, un artiste a dessiné la silhouette de nos visages.
J’ai huit ou neuf ans. C’est l’été et nous sommes en vacances en Espagne. C’est joyeux l’Espagne, et mon père est avec nous ! Malgré tout, ma mère s’écroule peu à peu. Elle n’arrive plus à rester debout plus de cinq minutes sans perdre connaissance. Personne ne sait pourquoi y compris les médecins. Je tiens la main de mon père tandis que nous marchons sur le petit port. Je me demande ce que je pourrais faire pour le réconforter.
Se dire, respirer et sentir son corps
J’aide l’autre à aller mieux. Je l'ai fait du plus loin que je me souvienne. Et je danse. Ces deux-là sont le sens de ma vie. J’ai mis du temps à le savoir, à l’accepter. Il a d’abord fallu que ma mère commence son propre chemin de guérison, quelques années après l'Espagne. Ensuite, elle m’a prise par la main, lorsque j’étais jeune adulte, pour que moi aussi je cicatrise les traumatismes et blessures transmis par le sang. J’ai dû aussi me libérer de mon besoin d’être ce que mon père voulait que je sois—employée dans une grande entreprise. Et puis la vie a une façon de vous pousser à vous rapprocher de qui vous êtes au plus profond. Vous avez remarqué ? Dans mon cas, l’univers a mis deux cancers sur mon chemin, à dix ans d’intervalle. Ils ont fini par m’aider à trouver le sens de ma vie !
J’ai même créé mon propre style de thérapie holistique, Yoga for Renewal. Si vous êtes prêt(e) à tenter quelque chose de nouveau sur votre chemin de guérison, donnez-moi la main et rejoignez-moi pendant une séance individuelle ou la retraite de yoga que j'organise en Picardie cet été. Quelque soit la formule, il y a un espace pour vous dire et un espace pour respirer et sentir votre corps. “C’est cette combinaison-là qui aide à guérir”, dit ma mère. Elle sait. Elle a fait l’énorme travail nécessaire pour panser ses blessures et apprivoiser ses démons. Ma mère, c'est mon héroïne.