Parlons bien-être

Parce que le monde s’intéresse enfin au bien-être, j’ai adapté pour le grand public un atelier que j’avais conçu, il y a trois ans, à l’origine pour des personnes qui cherchaient à rebondir après une maladie grave. Le nouvel atelier, intitulé Achieve Wellness In Uncertain Times, donne une vision inédite de ce qu’est le bien-être.

C’était à la fois en tant que yoga thérapeute et double survivante du cancer, qu’en 2017, j’avais créé un atelier de trois jours que j’avais baptisé Thriving After Illness–A Transformational Workshop.

A l’origine, l’atelier était destiné aux personnes qui se remettaient d’un problème de santé. Le but de l’atelier était d’aider les personnes à retrouver le bien-être, à se reconnecter avec leur force de vie et à émerger plein de vivance après l’épreuve de la maladie. J’y partageais ce qui m’avait aidé sur mon propre chemin vers la santé.

L’atelier s’appuyait sur trois approches : le yoga, la thérapie gestalt et la nutrition. J’y enseignais le yoga que j’avais appris pendant 14 ans auprès d’Aline Frati, ma professeure à Paris–un yoga à la croisée des chemins entre le corps et l’esprit.

« Que ressentez-vous ? », « Que se passe-t-il pour vous ? », « Quels sont vos rêves ? »… Avec des questions comme celles-ci, je faisais aussi appel à la thérapie gestalt en invitant les participants à explorer leur humanité, à parler de leur parcours de vie, convaincue qu’un chemin d’introspection et de partage avec l’autre est un élément indispensable pour retrouver la santé.

Enfin, nous parlions d’alimentation car l’alimentation, quand elle est bonne pour soi, est porteuse de vie et de lumière.

Depuis, le monde a changé.

Aujourd’hui, la pandémie fait remonter à la surface toutes nos zones d’ombres non résolues, qu’elles soient liées à notre corps, nos émotions, nos relations ou nos objectifs de vie. Même ceux d’entre nous qui n’avaient jamais réfléchi au bien-être, s’intéressent maintenant à la question.

Ce constat m’a amené a adapté Thriving After Illness pour le proposer à un public plus large.

Mon nouvel atelier, Achieve Wellness In Uncertain Times, est accessible à tous, plus seulement aux personnes qui se relèvent d’une maladie grave. Il s’agit d’une discussion live, virtuelle dans laquelle je partage comment j’ai appris à gèrer mon stress et comment j’ai trouvé ma place dans le monde. J’y pose des questions, parfois des questions difficiles, des questions nécessaires pour grandir. J’invite les participants à partager leur vécu et leur ressenti. Des liens se font. Parfois, les participants trouvent immédiatement les réponses à certaines questions. D’autres fois, les réponses leur viennent bien après la fin de l’atelier. Comme l’a dit l’un des stagiaires à l’issu d’un atelier : « j’ai beaucoup de questions auxquelles je n’avais jamais pensé ». Ce qui est sûr, c’est que les stagiaires repartent avec une toute autre vision du bien-être.

J’ai animé Achieve Wellness In Uncertain Times pour la toute première fois pour l’Alliance Française d’Atlanta en septembre 2020. Je présenterai l’atelier au public de l’Alliance Française de Portland en mars 2021 et à celui de l’Alliance Française d’Edmonton en mai 2021 avant, je l’éspère, de le faire découvrir à d’autres publics. Car maintenant, tout le monde a besoin de bien-être !

“Octobre rose” : c’est l’intuition qui a sauvé mon sein

L’intuition est un outil puissant, surtout lorsque l’on est dans une phase de rétablissement. Etre à l’écoute de mon intuition m’a aidé à garder mon sein et, en fin de compte, à guérir du cancer.

L’intuition est arrivée dans ma vie il y a 14 ans lorsque j’ai reçu le diagnostic de mon premier cancer du sein et commencé à pratiquer la yoga thérapie.

Lors de mon premier cancer, mon chirurgien a procédé à une chirurgie conservatrice, c’est-à-dire qu’il a enlevé la tumeur et conservé la partie saine du sein au lieu de faire l’ablation du sein (aussi appellée “mastectomie”).

La yoga thérapie m’a aidé à surnager les traitements médicaux et à rentrer davantage en contact avec mon intuition. La pratique m’a aidé à réduire les effets du stress chronique dont je souffrais et m’a permis de rentrer dans un état paisible à la fois physique et émotionnelle. Faire l’expérience de cette paix m’a donné accés à des moments de clareté sur les choix à faire dans des situations de la vie de tous les jours.

Dix ans plus tard, j’ai dû faire face à un second cancer. La tumeur était dans le même sein que la première fois. Je me suis retrouvée dans le cabinet de mon nouveau chirurgien. Il m’a annoncé, sans aucune hésitation, qu’il pouvait faire une chirurgie conservatrice comme mon premier chirurgien l’avait fait une décennie plus tôt. J’ai ressenti un immense soulagement. J’avais souffert d’insecurité émotionnelle, persuadée de ne pas être assez féminine, et cela pendant pendant des années. C’était ce qui m’avait poussé à rentrer en thérapie. Alors conserver mon sein–même s’il allait être “abîmé” par deux chirurgies–était vital pour moi.

J’avais plusieurs semaines pour me préparer pour la chirurgie.

Deux jours avant de rentrer à l’hôpital, mon chirurgien m’a appelé, la voix tremblante : “J’avais oublié la commission… J’ai été obligé de soumettre votre dossier à une commission… C’est la loi maintenant… Elle a voté pour la mastectomie”.

J’étais sans voix.

J’ai appris, ce jour-là, que l’Assurance Maladie francaise avait récemment mis en place le système “des commissions”. Désormais, tout docteur qui diagnostique un cancer chez un patient est tenu de soumettre le dossier de son patient à une commission. Il y a des centaines de commissions en France. Chacune est composée d’une douzaine d’experts tel qu’un oncologue, un radiologue, une assistante sociale, un docteur, etc. Sa mission est de réunir des professionnels afin qu’ils définissent le meilleur traitement pour le patient—le plus souvent sans jamais le rencontrer. L’objectif d’une commission est d’éviter une erreur de diagnostic qu’un médecin pourrait commettre ou d’éviter que le médecin en question ne prescrive un traitement inadéquate. Au bout du compte, les commissions sont là pour sauver des vies.

Dans quasiment tous les cas, les patients suivent l’avis des commissions.

Mon chirurgien était en faveur de la tumorectomie (l’opération qui consiste à enlever la tumeur uniquement). Pour lui, la mastectomie n’était pas justifiée. Au bout du compte, il m’a laissé le choix : “Je vous suivrai et vous soutiendrai quelque soit votre decision”.

C’était à mon tour de trembler : “j’ai besoin de digérer cette nouvelle. Laissez-moi 24 heures. Je vous appelerai demain pour vous dire quelle est ma décision”.

Les heures qui ont suivi ont été parmi les plus intenses de ma vie. Chaque cellule de mon corps me disait qu’il fallait que je garde mon sein.

J’ai appelé mon chirurgien le lendemain comme prévu : “Gardons notre première décision. Je préfère que vous enleviez la tumeur et que vous conserviez le reste du sein”.

Deux mois plus tard, j’avais rendez-vous avec l’oconlogue qui allait désormais me suivre et m’accompagner pendant la chimio. C’était la première fois que je le rencontrais. Je ne savais qu’une seule chose de lui : il était celui qui avait présidé “la commission”. Quand je suis entrée dans son bureau, il s’est exclamé : “alors, c’est VOUS” !

Il a eu un étrange sourire quand je lui ai dit que j’étais yoga thérapeute. Nous nous sommes vus toutes les trois semaines pendant huit mois. Non seulement il connaissait mon dossier médical mais il savait aussi que je divorçais et que mon père était atteint d’un cancer du poumon inopérable.

J’ai fini par guérir. Et me voici quatre ans plus tard—en bonne santé.

Je me souviens de ses paroles juste après la chimio : “continuez à faire ce que vous faites”. C’est exactement ce que je fais : je pratique la yoga thérapie et j’écoute mon intuition.

Guérisseuse née

Mes tout premiers souvenirs d'enfance sont des souvenirs où je me vois réconforter ma mère et d'autres. Rien d’étonnant donc que j’ai mis au point ma propre méthode pour aider la personne à (re)trouver le chemin du bien-être, Yoga for Renewal.

J’ai trois ou quatre ans. C’est le milieu de la nuit et je suis chez moi, dans notre petit deux pièces perché au 4ème étage d’un immeuble sans ascenceur à Belleville à Paris. Mon père est en déplacement, il construit une école ou un hôpital en province, dort dans un sac de couchage sur le chantier. Il n'y a pas assez d'argent pour l'hôtel. Je suis là, debout au milieu de l’appartement et je regarde ma mère. Elle est dans la salle de bains, debout aussi, la tête penchée au dessus du lavabo. Il n’y a presque pas de lumière. Elle saigne du nez. Je vois le sang tombé, goutte à goutte, j'ai l'impression pendant des heures. J’ai peur. Je n’aime pas voir ce rouge sur le blanc de l’émail. Je veux rester là au cas où elle aurait besoin… Plus tard, elle me confirmera que ses saignements de nez –qui arrivaient toujours au beau milieu de la nuit et quand mon père était absent— duraient bel et bien des heures.

En panique

Une autre nuit. J’ai le même âge, peut-être plus petite encore. Mon père est en province, il travaille sur un autre chantier. Je suis emmitoufflée dans une couverture, dans les bras de ma mère. En panique, elle dévale les quatre étages de l’immeuble où nous vivons. Nous sommes à l’arrière d’un taxi. Le chauffeur a une voix bienveillante. Il doit se demander ce que nous faisons dehors à cette heure-ci. Plus tard, ma mère me dira qu’elle avait des pulsions suicidaires ; le vide l’attirait… Quand elle sentait ces pulsions venir, elle me prenait dans ses bras et nous descendions les escaliers à toute vitesse jusqu’à ce qu’elle aille mieux.

Il y a des années un jour que ma mère et moi nous baladions à Montmartre, un artiste a dessiné la silhouette de nos visages.

J’ai huit ou neuf ans. C’est l’été et nous sommes en vacances en Espagne. C’est joyeux l’Espagne, et mon père est avec nous ! Malgré tout, ma mère s’écroule peu à peu. Elle n’arrive plus à rester debout plus de cinq minutes sans perdre connaissance. Personne ne sait pourquoi y compris les médecins. Je tiens la main de mon père tandis que nous marchons sur le petit port. Je me demande ce que je pourrais faire pour le réconforter.

Se dire, respirer et sentir son corps

J’aide l’autre à aller mieux. Je l'ai fait du plus loin que je me souvienne. Et je danse. Ces deux-là sont le sens de ma vie. J’ai mis du temps à le savoir, à l’accepter. Il a d’abord fallu que ma mère commence son propre chemin de guérison, quelques années après l'Espagne. Ensuite, elle m’a prise par la main, lorsque j’étais jeune adulte, pour que moi aussi je cicatrise les traumatismes et blessures transmis par le sang. J’ai dû aussi me libérer de mon besoin d’être ce que mon père voulait que je sois—employée dans une grande entreprise. Et puis la vie a une façon de vous pousser à vous rapprocher de qui vous êtes au plus profond. Vous avez remarqué ? Dans mon cas, l’univers a mis deux cancers sur mon chemin, à dix ans d’intervalle. Ils ont fini par m’aider à trouver le sens de ma vie !

J’ai même créé mon propre style de thérapie holistique, Yoga for Renewal. Si vous êtes prêt(e) à tenter quelque chose de nouveau sur votre chemin de guérison, donnez-moi la main et rejoignez-moi pendant une séance individuelle ou la retraite de yoga que j'organise en Picardie cet été.  Quelque soit la formule, il y a un espace pour vous dire et un espace pour respirer et sentir votre corps. “C’est cette combinaison-là qui aide à  guérir”, dit ma mère. Elle sait. Elle a fait l’énorme travail nécessaire pour panser ses blessures et apprivoiser ses démons. Ma mère, c'est mon héroïne.