Une étude de grande ampleur menée récemment par le gouvernement britannique montre que la nature soigne.
Nous faisons partie de la nature. Revenir à elle est l’un des moyens les plus puissants d’améliorer notre bien-être mental et physique. Une récente initiative du gouvernement britannique en est une belle démonstration.
Cet article présente un programme soutenu par le gouvernement, peut-être le plus vaste de ce genre au monde. Plus de 8 000 personnes à travers l’Angleterre y ont participé, et les résultats sont remarquables.
Les participants engagés dans des activités dans la nature, telles que des promenades, du jardinage communautaire, la plantation d’arbres et la baignade en milieu naturel, ont observé des améliorations significatives de leur santé mentale.
Un participant, souffrant de problèmes de santé mentale liés à des traumatismes, a déclaré : « Pour moi, c’est mieux que les médicaments. C’est mieux que la Thérapie Cognitive et Comportementale (TCC). J’ai mon suivi avec mon thérapeute, et c’est très précieux, mais ce programme d’activités dans la nature est aussi important pour moi. »
Alors, même si les températures baissent, ne restez pas enfermés. Sortez. Allez autant que possible dans la nature. Faites une promenade, du yoga, observez les oiseaux, jardinez—tout ce qui vous fait du bien. La nature est là pour vous soutenir.
Se donner la permission de vivre au ralenti, par intermittance, est indispensable pour la santé physique mais aussi et surtout pour la santé mentale. Bonne nouvelle : la yoga thérapie peut aussi aider à faire ça.
En cette saison estivale, je ne vous souhaite qu’une chose : RA-LEN-TIR.
Ralentir et, si possible, le faire au contact de la nature. C’est essentiel pour guérir, pour se retrouver et se recentrer, pour ressentir, pour être pleinement présent à cette vie qui nous est donnée d’expérimenter, avec ses joies et ses souffrances. Parce que des bas, il y en a forcément, pour chacun de nous, quel que soit notre âge, notre genre, notre couleur de peau, notre statut social, notre santé mentale et physique.
Or, contrairement à ce qu’on pourrait croire, ralentir n’est pas toujours chose facile. Pris dans le tourbillon de nos obligations, nous vivons le plus souvent en mode automatique, ce qui nous empêche d’être en contact avec qui nous sommes profondément.
Des idées, une clarté, des émotions émergent
Alors que lorsque vous vous donnez la permission de vivre au ralenti (pendant les vacances par exemple), quand vous vous promenez dans la nature en prenant tout votre temps, en flânant, en vous arrêtant autant de fois et aussi longtemps que vous en avez envie, alors vous vous permettez de rentrer en contact avec votre ressenti, avec vos besoins profonds, avec votre créativité aussi. Des idées, une clarté, des émotions émergent.
Comme dit mon ami réflexologue Rodrigue Vilmen, « Ne rien faire, c’est déjà faire quelque chose ».
Voyage initiatique
Il y a quelques semaines, je suis allée « glamper » (association de « glamour » et « camper ») en Haute-Savoie. Lors de ce voyage, j’ai rencontré des paysages grandioses. Je m’y suis prélassée, j’ai marché un peu, j’ai lu sous les grands conifères. Ce « rien faire » s’est transformé, sans que je m’y attende, en voyage initiatique où j’ai ressenti, par moments, de la tristesse à propos d’expériences passées mal digérées. Parce que ralentir, ça veut aussi dire se donner le temps de ressentir ce qui est enfoui mais qu’on n’exprime pas. Ressentir pleinement ma tristesse a été bénéfique car cela m’a permis de l’accepter, de ne pas en avoir peur, et commencer à la dépasser.
Les somptueux paysages de la Haute-Savoie ressourcent !
Quand vous serez rentré.e de vacances, vous pourrez vous reconnecter à ce « rien faire », à ce lâcher-prise en participant aux ateliers de yoga thérapeutique que je propose à partir du dimanche 1er septembre. Ensemble, nous nous replongerons dans le « ralentir ». Pour ressentir et continuer à dénouer les nœuds, tensions, restrictions qui sont logés dans les tissus du corps. Pour respirer et vivre avec plus de liberté et de joie.
Comment le yoga, grâce à ses techniques de respiration, peut débloquer les portes de l’intuition et de la créativité.
Un lien entre le yoga et l’intuition ? Oui, il existe, aussi curieux que cela puisse paraître.
La source de l’intuition est présente en chacun de nous. Le problème, c’est le bruit du mental. Celui-ci nous empêche d’avoir accès à ce que nous dit notre voix intérieure. Bonne nouvelle : le yoga peut aider grâce aux techniques de respiration ou les pranayamas qui incitent à faire taire le mental.
Comment ça marche
Faire des exercices de pranayama, c’est l’art de contrôler consciemment son souffle. Ces techniques de respiration agissent sur le système parasympathique pour créer un effet de relaxation. Leurs effets sont multiples et touchent des fonctions vitales : digestion, circulation sanguine, élimination, etc. Mais au-delà de l’équilibre du corps, la respiration agit aussi sur l’esprit et l’humeur comme je l’ai expliqué dans mon précédent billet, La yoga thérapie m’a sauvé la vie.
Ce n’est pas tout. Les pranayamas, associés au mouvement lent et à la concentration, ont également une action sur l’intuition et la créativité. Cette combinaison respiration/mouvement/concentration permet une présence à soi, une relaxation profonde et un équilibre du système nerveux–éléments essentiels pour être connecté à son intuition. C’est ce lâcher-prise qui permet d’accéder au subconscient et à sa petite voix intérieure.
Voir soudain clair
Nombreux sont ceux qui disent voir soudain clair pendant une séance de yoga sur la manière d’avancer dans une situation délicate de la vie quotidienne.
Moi-même, je ne compte plus les fois où la pratique du yoga m’a éclairée. Pas plus tard qu’hier, j’ai pris conscience en faisant du yoga de l’approche à utiliser dans une future séance de yoga thérapeutique individuelle, de manière à ce que celle-ci colle parfaitement aux besoins de ma cliente.
Sources: The Science of Yoga de William J. Broad, Radiance: Create an Amazing Life After Cancer (Kripalu Center, Massachussetts), De l’inspir à l’inspiration (magazine Inexploré N. 62, printemps 2024).
Une infection de mon lympheodème au bras m’a rappelée que je dois m’écouter. Encore et toujours.
Le 22 avril, comme presque chaque matin, j’ai pratiqué le yoga.
Enthousiasmée par l’atelier de yoga thérapeutique que j’avais enseigné la veille, j’ai fait la posture du pont en plaçant mes bras et mes épaules complétement en arrière. Pour quelqu’un souffrant d’un lymphœdème au bras lié au cancer du sein, c’était une erreur. J’ai baissé la garde. Je savais qu’il ne fallait pas vriller mon épaule. Le résultat ? Une mauvaise circulation de la lymphe et une infection du lymphœdème.
Depuis, gros coup de frein. J’ai revu mon emploi du temps pour me donner plus de respiration, pour la énième fois (j’ai depuis toujours tendance à en faire trop).
Ces jours-ci, j’ai un besoin viscéral de passer du temps dans la nature. Je marche. Je m’allonge au milieu des pâquerettes. Je lis. Je crée de l’espace. Les arbres, les oiseaux, le ciel sont là pour moi. Pour m’aider à me réparer. J’ai refait du yoga pour la première fois, trois semaines après l’incident. Depuis, je pratique avec bien plus d’écoute et d’empathie qu’avant.
Rappelez-vous : honorez votre parcours de bien-être. Quelle que soit la manière. Ça aussi, c’est de la yoga thérapie.
Si le cancer du sein métastatique reste un parcours difficile, nous sommes de plus en plus nombreuses à bien vivre avec la maladie. J’ai envie de partager avec vous huit préceptes qui m’aident à vivre avec plus de joie et d’espoir depuis mon diagnostic il y a 16 mois.
J’ai un besoin viscéral d’être vue telle que je suis. Surtout en ce mois d’Octobre Rose. Alors c’est parti pour vous parler de mes découvertes de ces derniers mois.
Les statistiques le montrent. Le parcours d’une personne atteinte du cancer du sein métastatique (comme moi) est moins souvent couronné de réussite que le parcours d’une personne avec un cancer du sein localisé. Malgré ce constat, nous sommes de plus en plus nombreuses à bien vivre avec la maladie grâce à la découverte de nouveaux progrès issus des essais cliniques, des traitements de plus en plus efficaces et précis et des patients (de plus en plus nombreux) qui combinent les traitements conventionnels avec les médecines complémentaires (médecine intégrative).
Petit rappel : le cancer du sein métastatique est un cancer du sein qui s’est propagé à d’autres parties du corps. La chirurgie, la chimiothérapie, l’hormonothérapie ciblée et toute une gamme de nouveaux protocoles qui sortent sur le « marché » chaque année font partie des traitements conventionnels. Et la guérison dans tout ça ? Selon la médecine conventionnelle, la rémission complète est possible dans certains cas. Par contre, elle affirme qu’il n’y aurait “pas de guérison”. Alors faut-il baisser les bras, se résigner ?
Que le cancer soit derrière moi ou pas (encore), voici huit préceptes qui m’aident à entretenir la joie et l’espoir malgré les hauts et les bas.
Je prends mes décisions Qu’est-ce qui peut me soigner ? La médecine conventionnelle, bien sûr. Mais quoi d’autre en complément ? Quelles médecines complémentaires suis-je prête à intégrer dans mon plan anticancer ? Comme je suis yoga thérapeute, j’accorde une place importante au yoga dans mon dispositif de soins alternatifs. Tout comme la réflexologie, l’acupuncture, la naturopathie, la psychothérapie, qui ont toute leur raison d’être. Je suis au gouvernail. C’est moi qui décide et qui crée le dispositif de soins le mieux adapté à mon corps, à mon âme.
Je suis ma propre expérience, pas une statistique Les statistiques peuvent faire trembler de peur. Je garde en tête que je ne suis pas une statistique mais une personne à part entière avec ma propre histoire, mes propres atouts et ma propre vérité.
Je choisis et j’apprécie les personnes qui m’entourent Amis, famille, collègues, thérapeutes, clients, etc… Les personnes qui m’entourent jouent un rôle crucial. J’ai conscience qu’un bon entourage est vital pour puiser de la force.
Je me connecte à mon corps, dans le moment présent Le yoga me ramène au moment présent, m’incite à lâcher le mental, m’aide à me connecter à mon corps et me guide afin que j’écoute ce que le corps me dit. Cette pratique m’a tout simplement sauvé la vie.
Je pense au sens de ma vie, souvent Cela aurait pu être créer une famille ou voyager à travers le monde pour découvrir d’autres cultures (quoique j’ai fait ça aussi en partie) ou m’investir dans la lutte contre le réchauffement climatique. Mais non. Le sens de ma vie, c’est la yoga thérapie. C’est partager avec les autres ce que j’apprends de cette pratique aux bienfaits inestimables. C’est aider les personnes à se connecter à leur corps, dénouer les nœuds et poser des mots sur ce qu’elles ressentent dans les tissus du corps afin qu’elles vivent avec plus d’harmonie dans tous les aspects de leur vie.
Je fais ce que j’aime, quoi qu’il arrive Chanter, danser, prendre un bain de nature, retrouver des amis, partir en week-end, écrire… Je fais ce que j’aime le plus souvent possible même quand je traverse une période d’anxiété (l’attente de résultats suite à un examen médical peut être anxiogène). En faisant ce que j’aime, je suis dans la vie, je nourris mes cellules d’énergie positive, ce qui, à son tour, est bon pour ma santé.
Je suis connectée spirituellement La sévérité du diagnostic m’a poussé à me connecter plus profondément avec la vie, l’univers, Dieu (quel que soit le nom que vous donnez à ce plus grand que soi). Une amie m’a pointé vers l’American Church in Paris où j’ai rejoint la chorale de gospel. Quelle joie ! Et puis de l’autre côté de l’Atlantique, quelque part dans l’état de la Géorgie, un petit groupe de femmes (que je ne connais pas personnellement pour la plupart) appartenant à la même église se retrouve chaque semaine et prie pour moi et ma santé. Je sens la connexion.
Je suis ma ressource Mon expérience en tant que survivante du cancer représente un savoir inestimable sur la résilience et la vulnérabilité. D’ailleurs, je vis ma vulnérabilité comme ma plus grande force. Beaucoup peuvent apprendre de cette leçon de vie. J’ai conscience d’être une précieuse ressource. Pour moi. Pour les autres.
Photo sur la bannière : avec mes amis Susan (aussi yoga thérapeute) et John, venus me rendre visite d’Atlanta en août 2023.
J’utilise la médicine intégrative pour frayer mon chemin à travers le cancer métastatique que l’on m’a diagnostiqué il y a presqu’un an. La médicine intégrative est l’alliance de la médecine conventionnelle avec des approches complémentaires que j’appelle aussi “sacred work” (“travail sacré”). Les premiers résultats obtenus s’avèrent très positifs.
Je suis fière du collage que j’ai créé sous forme de mandala dans mon cours d’art thérapie qu’une association basée près de Paris offre deux fois par mois aux personnes touchées par le cancer. Cela m’aura pris six mois pour choisir les bonnes images et les placer à l’intérieur du mandala que j’avais tracé, sous les instructions de la yoga thérapeute. Ce processus de création m’a permis d’exprimer à quel point je me sentais brisée, en mille morceaux quand on m’a annoncé une récidive de cancer du sein avec des métastases aux os, dans le foie et au-dessus du sein (pectoral droit) en juin 2022 lors d’une visite médicale de routine alors que j’étais en vacances à Paris, ma ville natale (je vivais alors à Atlanta). De manière surprenante, le collage m’a aidée à progressivement recoller les morceaux.
J’étais et suis toujours reconnaissante pour mon oncologue et les progrès de la médecine dans le traitement du cancer. Ceci dit, je savais dès l’annonce qu’il me fallait déployer un dispositif de médecine intégrative pour avoir une chance de m’en sortir.
Selon le National Center for Complementary and Integrative Health américain, “la santé intégrative renvoie à l’adoption de pratiques issues de la médecine conventionnelle et de celles issues des pratiques complémentaires, de manière intégrée ».
Dès mon diagnostic, j’ai commencé mon traitement conventionnel, une hormonothérapie (cachets et injections). J’ai aussi fait appel à des praticiens en médecine complémentaire pour m’aider à faire le « sacred work » (« travail sacré »), comme dit un pasteur de l’American Church in Paris lorsqu’il parle de processus de développement personnel.
Alors qu’est-ce que ce « sacred work » précisément ? C’est tout ce qui m’a aidé (et continue de m’aider) à guérir ma connexion esprit, corps et âme—la psychothérapie, la naturopathie, la réflexologie, l’art thérapie, la sophrologie et, bien sûr, le yoga.
J’ai revisité les traumatismes
Le « sacred work » est un travail difficile. En psychothérapie, j’ai revisité les traumatismes. Je me suis confrontée à mon sentiment d’insécurité profonde. J’ai exploré comment j’étais aux aguets, dès l’enfance, parce que ça pouvait tourner mal à tout moment avec ma mère qui souffrait de dépression et vivait avec des idées suicidaires. Je me suis frottée à la terreur que mon père avait de tout perdre depuis, qu’adolescent, il avait connu la grande précarité. J’ai analysé mon besoin de devenir la lumière de ma mère pour lui prouver que tout allait bien, pour la sortir de la dépression. J’ai interrogé ma croyance (qui date de la nuit des temps) que je ne pouvais pas être aimée simplement pour qui j’étais mais, qu’au contraire, il me fallait faire beaucoup pour être aimée des hommes que je choisissais—des hommes avec des egos surdimensionnés ou qui ne pouvaient pas tenir debout.
Sur mon tapis de yoga aussi, je me suis adonnée au travail sacré. Le yoga m’a aidée à me réguler, à aller dans l’introspection. Je me suis donnée du temps pour aller dans la respiration profonde, pour que cette respiration puisse dénouer les nœuds, créer de l’espace entre et à l’intérieur des organes, des tissus et du fascia. J’ai ressenti mon corps, mon esprit et mon cœur faire « un » avec l’univers. J’ai écouté mon intuition, et cette connaissance désormais approfondie de qui je suis, j’ai ressenti les émotions et les sentiments émerger. Pour moi qui suis toujours en mouvement, le yoga est vital.
Ma naturopathe m’a recommandé des compléments alimentaires pour contrer les effets secondaires du traitement médicamenteux. Sa foi dans la nature m’a guidée : « Il faut vous connecter physiquement à votre nouvelle terre. Marchez dans la nature, faites du yoga dans la nature, pieds nus, le plus souvent possible ».
Février 2023. Presque huit mois après avoir débuté mon traitement, le PET-Scan a montré que les lésions osseuses avaient un peu progressé tandis que les métastases dans le foie et dans le pectoral droit avaient disparu. « Qu’est-ce que vous en pensez, docteur ? ». « C’est génial ! », a déclaré mon oncologue.
Aucune étude ne peut le prouver mais je suis convaincue que le protocole de médecine intégrative que j’ai déployé, a contribué à l’amélioration de mon état de santé. Il me reste bien sûr encore un bon bout de chemin avant d’atteindre la pleine santé. Néanmoins, un an après mon diagnostic, me voilà prête à enseigner la yoga thérapie en personne à nouveau, à Paris (mon nouveau chez moi). Pour moi, c’est un bon signe. Un sacré bon signe même.
Mon univers s’est écroulé lorsque l’on m’a diagnostiqué l’été dernier une récidive du cancer du sein avec des métastases osseuses pendant mes vacances à Paris, alors que je vivais aux Etats-Unis. Après un long silence, je retrouve ma voix. Voici qui je suis aujourd’hui.
L’explosion a eu lieu le 24 juin dernier. Je vivais jusqu’alors depuis 16 ans à Atlanta dans l’état de Géorgie. Je passais mes vacances à Paris (ma ville natale) quand mon oncologue m’a annoncé l’impensable : « Il y a quelque chose… C’est une récidive du cancer du sein avec des métastases osseuses ». Sur Le PETSCAN, on distinguait huit endroits impactés sur ma structure osseuse. Huit ans avaient pourtant passé depuis mon deuxième cancer, 18 ans depuis que cette maladie avait fait une première incursion dans ma vie.
Une semaine plus tard, j’ai pris la décision la plus radicale de ma vie. J’ai vite compris que, si j’avais une chance de survivre cette nouvelle épreuve, ce serait en France. J’ai donc choisi de m’installer dans mon pays natal, là où je serais près de ma mère et où j’aurais accès à la couverture santé universelle ainsi qu’au système médical français (bien qu’il soit un système sous haute tension comme partout ailleurs dans le monde). Mon instinct me disait de rester en France, de me concentrer sur le processus de rémission sans même retourner à Atlanta pour déménager. Je n’y suis d’ailleurs pas retournée depuis.
Dans un élan de solidarité incroyable, ce sont mes amis à Atlanta qui ont pris en charge ce que j’aurais dû faire moi-même. Ils ont vidé mon appartement à Atlanta, vendu des affaires, fait des donations, voyagé avec des valises pleines de mes vêtements sur la ligne Atlanta-Paris. Je n’ai toujours pas de mots pour exprimer ma gratitude. Seules des larmes montent quand je pense à ce que mes amis ont fait pour moi.
Je me suis sentie (et me sens toujours) comme parachutée en France, déracinée d’Atlanta.
Heureusement, l’univers m’a envoyée de l’aide lorsque j’ai commencé mon traitement médical au début de l’été. J’ai réussi à trouver un parc naturel régional près de chez moi—la nature se fait rare ici dans cette région avec une densité de population élevée. Je faisais du yoga chaque matin dans la clairière du parc. Pieds nus. Sans tapis. J’avais besoin de sentir (dans tous les sens du terme) la nouvelle terre sur laquelle je marchais. Peu m’importait si des randonneurs ou des gens avec leur chien passaient devant moi. Personne ne pouvait m’arrêter. La pratique du yoga dans la nature était essentielle pour m’aider à garder le peu de santé mentale qui me restait.
Un lien fort avec ma ville adoptive
Une autre chose extraordinaire est arrivée. Mon travail (ou au moins une partie) en tant que yoga thérapeute et prof de français langue étrangère m’a suivie à Paris. J’ai pu continuer à enseigner en ligne à mes étudiants en Géorgie. J’ai, ainsi, préservé un lien fort avec ma ville adoptive. Et puis, l’esprit ainsi occupé, j’avais moins de temps pour penser à la maladie.
Enfin, je me suis entourée de soignants issus de la médecine complémentaire pour m’accompagner dans ce douloureux chemin jalonné de pertes —perte de ma santé, perte de ma tribu de vie à Atlanta.
Et maintenant ? Le cancer impacte sur tous les plans, physique, émotionnel et spirituel. Parce qu’il y a des métastases, je ressens cette nouvelle récidive comme une plus grande gifle encore, une prise de conscience encore plus brutale de ma propre mortalité. Mon oncologue croit en une rémission complète. J’y crois aussi. Quand arrivera-t-elle ? Je ne sais pas.
Plusieurs choses sont en train d’émerger en moi :
Il y a un gros travail émotionnel à faire. Même s’il est difficile, j’ai bien l’intention de le traverser. Je veux comprendre et surtout ressentir les chocs que j’ai vécus et qui ont pu mener à cette nouvelle récidive. Je suis convaincue que ce processus d’introspection est essentiel à ma rémission.
J’ai été si sidérée par le diagnostic que j’en ai perdu ma voix. Cette phase est derrière moi. Je retrouve enfin ma voix pour m’exprimer. Ce billet en marque le commencement
Je continue mon travail de yoga thérapeute et défenseure des patients en faisant connaître et en encourageant la transition vers la médecine et l’oncologie intégrative, c’est-à-dire une médecine qui intègre pleinement les médecines complémentaires dans ses protocoles de soins et ne les considèrent plus seulement comme des « soins de support ». Nos vies, à nous patients et survivants, en dépendent.
Quelle joie de retrouver ma voix, de revenir dans la lumière. Merci à vous, mes lectrices et mes lecteurs, de m’entendre et de me voir.
Notre posture physique et nos tensions corporelles sont le reflet de notre expérience de vie. Heureusement, celles-ci peuvent évoluer à tout moment grâce à une modalité comme la yoga thérapie.
Notre corps et notre posture physique en disent long sur notre expérience de vie.
Comment avons-nous été touchés, portés pendant les premiers mois ? Avons-nous pu prendre de la place ? Avons-nous été encouragés à exprimer notre amour, ce que nous sommes ? Avons-nous pu faire l’expérience des potentiels du corps ? Jouer avec la gravité ?
Le besoin de lien à l’autre et la peur d’être rejeté nous font tous adapter notre posture. Chacun de nous répond de manière différente aux critiques : « tiens-toi bien », « reste tranquille ». Certaines phrases peuvent figer des choses pendant l’enfance.
Il est facile de voir comment ces émotions négatives, répétées souvent, peuvent mener vers la contraction musculaire ou, au contraire, à la perte de tonicité musculaire pour, au final, modifier notre posture ou créer une tension dans le corps.
Bonne nouvelle
J’ai une bonne nouvelle : tout est mouvement et rien n’est jamais perdu pour retrouver son axe. Outil puissant, la yoga thérapie peut influencer les postures, le corps et le ressenti.
Pendant une session, il est possible que vous contactiez la peur et la tristesse liée à un évènement précis, qui ont pu se nicher dans le corps sous la forme d’une tension corporelle. Grâce à la respiration yogique, vous sortez du mental et sentez mieux le corps. Le thérapeute peut ensuite vous aider à verbaliser ce que vous ressentez et à accepter les émotions.
Le travail sur les deux niveaux, à la fois verbal et corporel, vous aide à arriver à une version plus « étendue » de vous-même, plus souple et mieux alignée. Attention cependant à ne rien précipiter pendant les sessions de yoga thérapie. La clé, dans cette pratique, est d’aller lentement, de laisser les mouvements–les émotions et les sentiments–émerger, les yeux fermés.
Le changement est aussi au rendez-vous au-delà du tapis de yoga, dans les situations de la vraie vie. Vous pouvez alors trouver une nouvelle manière de vous tenir, dans une nouvelle « posture juste » dans la flexibilité et la force tout à la fois.
Le cancer a fait de moi ce que je suis. J’aurais préféré apprendre sans avoir à passer par ces épreuves. Pourtant, la vie les a bel et bien mises sur mon chemin. Alors je n’avais plus qu’une solution : y trouver du sens.
L’univers a mis deux cancers du sein sur ma route à dix ans d’écart, le premier en 2004 (grade III) et le second en 2014 (grade III avec deux nodules touchés). Deux explosions atomiques qui ont faconné ma vie et m’ont aidé à trouver qui je suis, aussi bizarre que cela puisse paraîttre.
C’est juste après le diagnostic de mon premier cancer que je pratique le yoga pour la toute première fois et rencontre ma prof de yoga, Aline Frati, à Paris (où je vivais). C’est aussi à ce moment-là que je rencontre un docteur nutritionniste, Dr Ithurriague. Moi qui suis abonnée à la charcuterie, au fromage et au vin, je me retrouve devant Dr Ithurriague m’expliquant l’impact de la nutrition sur le système immunitaire. Je prends la décision de changer mon alimentation, commence à pratiquer le yoga, découvre les bienfaits de la réflexologie et l’acupuncture. J’ai aussi la chance d’avoir tout le temps pour moi pendant l’année de mes traitements puisque le système de santé français me verse 100% de mon salaire.
C’est tout à la fois un temps de repos, de transformation profonde et de deuil de ma vie « d’avant ». Pendant une consultation, Dr. Ithurriague me raconte l’histoire de cet homme qui avait été diagnostiqué d’un cancer incurable. L’homme avait alors décidé de vivre son plus grand rêve : sillonner les mers sur un voilier. Au final, il avait guéri de sa maladie et vécu encore de longues années. « S’il y a quelque chose que vous avez toujours voulu faire, faites-le. C’est très important », me dit le nutritionniste.
J’avais toujours voulu vivre à l’étranger
Ces mots résonnent en moi. Un an après notre conversation, je rencontre un Américain (d’Atlanta) à l’occasion d’un repas de Thanksgiving qu’une amie organise. L’amour. J’avais toujours voulu vivre à l’étranger. Après un an d’une relation à distance, je plie bagages et m’installe à Atlanta où nous nous marions. C’est la toute première fois que j’écoute mon intuition et fait quelque chose pour moi.
Huit années passent pendant lesquelles je travaille en tant que rédactrice free lance et commence mon chemin pour devenir yoga thérapeute. La nouvelle d’un second cancer, en 2014, est un choc tout aussi grand que pour le premier. Surtout que mon père reçoit le diagnostic d’un cancer des poumons au même moment. Je suis mes traitements médicaux et je pars en mission : il me faut absolument comprendre la signification de ma maladie sur le plan émotionnel, voire spirituel.
Je prends vraiment le temps de regarder ce que ce second cancer vient me dire. Pour cela, je fais un travail avec un psychologue, Laurent Malterre, qui me guide. Je fouille mon âme, je revisite ma petite enfance. Je prends conscience que je n’ai été ni vue, ni écoutée. Je réalise que cela m’a fait adopter une stratégie qui m’a permise d’être enfin vue : je donne avec abondance, de ma personne, de mon temps, mon énergie à ma famille, mes partenaires, mes amis, mes responsables hiérarchiques, à qui veut bien prendre. Je donne jusqu’à l’épuisement, le point de non retour, jusqu’à ce que la maladie m’ordonne d’arrêter. Jusqu’au premier cancer. Puis le second. Je prends aussi conscience que je suis une « soignante » dans l’âme. Depuis toujours, je vois le diamant qui se cache en chacun, quelle que soit son histoire.
« Qu’est-ce qui fait de vous qui vous êtes ? »
Un jour, mon psychologue me pose les questions que j’avais besoin d’entendre : « arrêtez d’attendre que les autres voient qui vous êtes. Il est temps que vous regardiez vous-même qui vous êtes. Alors, quelles sont vos croyances, vos valeurs ? Qu’est-ce qui fait que vous êtes vous ? Qu’est-ce qui parle à votre coeur ? Pourquoi êtes-vous ici ? Chaque question m’interpelle au plus profond. Tout ce qui fait ce que je suis–ma pratique du yoga, ma capacité à écouter et à mettre en mots les émotions et sentiments, ma capacité à voir le diamant qui se cache en chacun–, tout cela fait sens tout à coup. Je m’aperçois que, pour être moi, je dois aider les autres à guérir en créant un yoga thérapeutique qui résonne avec ce que je suis au plus profond de moi.
L’énorme entreprise de bâtir mon propre style de yoga thérapeutique commence. J’apprends aussi, peu à peu, à écouter mes besoins propres au lieu de placer ceux des autres avant les miens. Je divorce. Le temps arrive où je dis « non » à des amis qui avaient l’habitude que je sois là, présente pour eux, quelque soit les circonstances. Je pratique la danse, toutes sortes de danse (un rêve de toujours).
Ce chemin vers moi a été, et reste, un long chemin, plein de détours. Mais vous ne pouvez pas vous imaginer quelle fierté je ressens à le regarder.
Photo : dans un cours de danse contemporaine donné par le collectif de danseurs, Fly on a Wall au Windmill Arts Center à deux pas de chez moi, à Atlanta. Ici, deux de mes profs préférés : Jimmy Joyner et Anna Bracewell Crowder.
La yoga thérapie nous aide à vivre avec plus de bien-être en resserrant le lien inextricable qui existe entre notre corps et notre esprit. Ce soin alternatif d’un genre nouveau repose en grande partie sur la relation entre le praticien et son client. Explications.
Quand je dis que je suis yoga thérapeute, j’entends souvent la même question : « c’est quoi la yoga thérapie ? »
Allons-y pour la réponse. Une session de yoga thérapie n’est pas un cours de yoga comme les autres dans la mesure où le seul objectif du yoga thérapeutique est d’aider la personne à retrouver le chemin vers une meilleure santé physique, émotionnelle ou mentale. Quelle que soit la forme physique ou la morphologie de la personne en question. Ici, la question de savoir si le client fait une pose correctement ou pas est tout à fait secondaire. Pour une meilleure efficacité, la yoga thérapie ne se pratique qu’en session individuelle ou en petit groupe.
Nous sommes un peu plus de 3 800 yoga thérapeutes certifiés par The International Association of Yoga Therapist (IAYT) dans le monde. Autant vous dire que nous sommes des précurseurs et que nous essuyons les plâtres. Quant à l’IAYT, c’est un organisme non-gouvernemental fondé à la fin des années 80 sur la côte Ouest (des Etats-Unis) par une poignée de professeurs de yoga et de docteurs. Ces dernières années, l’association a créé des standards de formation pour les professeurs de yoga qui veulent enseigner la yoga thérapie et les studios de yoga qui proposent une formation en yoga thérapeutique. L’ONG travaille aussi sur un projet à plus long terme : imposer, au niveau fédéral, le yoga thérapeutique en tant que discipline thérapeutique au mème titre que le massage ou l’acupuncture par exemple. Nous n’y sommes pas encore. En attendant, cela ne nous empêche pas d’aider nos clients sur leur chemin du mieux-être.
Qui peut bénéficier de la yoga thérapie ? Toute personne voulant aller plus loin sur son chemin du mieux être et de la guérison : celles qui veulent aller au plus profond de leur ressenti, celles traversées par l’anxiété ou le deuil, les personnes se remettant d’une opération, les patients et les survivants du cancer, etc. La liste est longue.
J’ai commencé à tisser le canevas de mon propre style de yoga thérapeutique il y a 16 ans, bien avant d’obtenir ma certification. Le yoga que j’ai appris pendant 14 ans de ma professeure, Aline Frati, qui enseignait à Paris, fait partie de mon protocole. « On ne peut rien modifier si le corps n’est pas dans la relaxation profonde, » disait-elle. Dans chaque session que j’anime, je guide les participants dans des mouvements lents et la respiration profonde. Tous deux ont pour but d’amener la personne à se relaxer en profondeur et à « écouter » le corps. Quand je dis « écouter le corps », je veux dire prendre conscience des tensions dans le corps et des messages que ces tensions viennent nous délivrer.
Je suis convaincue que la parole dite fait partie intégrante de toute guérison. C’est pour cette raison que dans chaque session que j’anime, je fais la place pour que mes clients puissent nommer ce qu’ils ressentent, où ils en sont dans leur vie et ce que les tensions du corps disent sur leur histoire. Dans ce protocole, l’échange verbal est tout aussi important que la pratique du yoga tout simplement parce que partager notre ressenti et des expériences qui ont du sens pour nous est l’une des choses les plus puissantes que l’on puisse faire pour notre bien-être. Pour cette partie, je travaille sous la supervision de Laurent Malterre, un psychologue, enseignant en psychologie clinique et auteur, basé à Paris.
L’écoute active. L’échange verbal. Et le yoga. C’est ça la yoga thérapie pour moi.