J’ai une vision que je partage avec d’autres passionnés dans le monde dont la mission est d’aider les personnes vivant avec un cancer. Une vision qui permettrait d’aller beaucoup plus loin pour venir à bout de la maladie, en plus de la recherche scientifique. Voyage dans le futur.
Il y a quelques années, un conférencier qui présentait un sujet dans un congrès dédié au soutien psychologique et à l’aide sociale apportés aux personnes atteintes du cancer, a partagé une diapositive qui montrait un tag sur un mur de Jérusalem : « Vous n’avez pas besoin de vos yeux pour voir, vous avez besoin d’une vision ».
Je profite donc d’Octobre Rose pour vous parler d’une vision, la mienne, mais pas seulement. C’est aussi la vision de milliers de personnes à travers le monde dont le travail, la vocation même, consiste à répondre à une question : comment aider les personnes atteintes d’un cancer ?
Traiter le patient dans sa globalité
Avant de partager cette vision, je voudrais souligner que, peut-être plus que toute autre maladie, le cancer touche tous les aspects de la personne, physiquement, psychologiquement, émotionnellement et même spirituellement. C’est pour cette raison que la personne qui vit l’expérience du cancer doit être accompagnée par une équipe pluridisciplinaire, capable de traiter le patient dans sa globalité et pas seulement sur le plan physique.
Revenons maintenant à cette « vision » dont je veux vous parler. Pour cela, il faut que je remonte à 2019. Je vivais aux Etats-Unis alors, à Atlanta dans l’Etat de Géorgie, où j’assistais à la conférence annuelle de l’APOS (American Psychosocial Oncology Society), le même évènement que j’ai évoqué plus haut. L’APOS a été créée par des oncologues américains, au début des années 2000, qui, pour la première fois, voulaient inviter des professionnels autres que des médecins, et plus précisément des psychologues et des assistants sociaux, pour travailler avec eux. Je précise, au passage, que dans le système de santé américain, l’assistant social agit comme un véritable coordinateur entre médecins, les autres personnels de santé ainsi que les associations et institutions extérieures à la médecine. Il est une « courroie de transmission », indispensable dans un parcours de soin en oncologie.
200 psychologues, travailleurs sociaux, infirmiers et chercheurs en oncologie
Retour donc à 2019 à Atlanta où se déroule la conférence annuelle de l’APOS. Dans un grand hôtel du centre-ville, la conférence regroupe 200 psychologues, travailleurs sociaux, infirmiers et chercheurs venus des quatre coins des Etats-Unis—je suis la seule yoga thérapeute à y assister–, tous travaillant avec et pour des personnes touchées par le cancer, généralement au sein d’un centre de santé (hôpital public, hôpital privé, clinique…).
Une révélation
Je m’en souviens aujourd’hui encore très bien… A la fin de ces trois jours passionnants, une « assistante sociale » clôture la conférence avec une présentation qui sera une révélation pour moi. Cette femme, armée d’un PhD, fait partie du service Oncologie d’un hôpital du Texas, totalement novateur. Novateur d’abord parce que le service compte dans son équipe des oncologues bien sûr, des radiologues, des radiothérapeutes et d’autres membres du personnel médical conventionnel, mais pas seulement. L’équipe regroupe aussi des psychologues et d’autres praticiens de médecines complémentaires tels que réflexologues, acupuncteurs, nutritionnistes… La conférencière nous explique aussi que l’équipe est également composée de conseillers financiers, de représentants religieux. Tous travaillent ensemble.
Le patient au centre
Dans sa démarche, l’hôpital en question place le patient au centre de son parcours de soin, il le rend acteur principal de sa santé. Le patient est aussi vu dans sa globalité, dans sa dimension physique, psychique, émotionnelle et spirituelle, vivant dans son écosystème. Et c’est cela aussi qui rend cette approche novatrice.
Tous assis à la même table
Autre élément novateur : ici, l’oncologue n’est plus le seul décideur. L’intervenante nous montre, vidéo à l’appui, que tous les professionnels de cette équipe travaillent en coopération, qu’ils participent aux réunions concernant chaque patient, tous assis à la même table et tous considérés au même niveau d’égalité.
Je vous laisse imaginer la puissance de cette approche. Certains centres de soins l’ont adopté dans le monde. Ils sont encore rares mais ils existent. A mon sens, cette approche peut et doit être dupliquée partout si nous voulons mettre toutes les chances de notre côté pour accompagner le cancer vers la porte de sortie, pour transformer l’énergie de cette maladie très complexe en une énergie transformatrice vers plus de santé et de bien-être. Souvenez-vous, il suffit d’avoir une vision…



