“La respiration, c’est la vie !”

Les exercices de respiration–comme ceux pratiqués dans le yoga–peuvent nous faire un bien fou. Ceux qui les pratiquent le savent bien. Mais comment la respiration consciente, profonde impacte-t-elle le corps ? Explications recueillies d’une pharmacienne naturopathe.

« Respirez profondément ». « Respirez plus ! »… Vous avez sûrement déjà entendu ce genre de conseil. D’ailleurs si vous avez participé à l’un de mes cours de yoga thérapeutique, vous savez que je rappelle inlassablement, tout au long du cours, comment maintenir la respiration abdominale. C’est que les yogis ont compris depuis des millénaires que l’on peut agir sur la santé physique, mentale et émotionnelle en modifiant sa respiration. C’est pour cette raison que toute pratique du yoga implique aussi la pratique d’exercices de respiration (« Pranayama »).

Si tout le monde se doute bien de l’importance d’une respiration à pleins poumons, peu d’entre nous connaissent l’impact de la respiration sur la physiologie. Pour apporter des éléments de réponse, je me suis tournée vers Isabelle Bleuze qui a la rare singularité d’être à la fois pharmacienne et naturopathe.

Basée en Ile-de-France (Lagny-sur-Marne), elle navigue, toute passionnée qu’elle est, entre la pharmacie dans laquelle elle officie et son cabinet privé de naturopathie où elle soigne ses patients avec des compléments alimentaires, l’alimentation et autres moyens naturels.

« La respiration est un vecteur d’énergie »

Pour commencer, Isabelle rappelle, « la respiration, c’est la vie ! ».

Pour faire simple, la respiration est un système qui assure des échanges gazeux. On respire de l’air. Dans l’air, il y a de l’oxygène. Et l’oxygène est capital pour notre organisme. Isabelle explique aussi que l’ingestion de l’air permet d’alimenter tous les organes du corps (cœur, poumons, reins…) et d’éliminer les toxines de notre organisme, le tout pour assurer un parfait fonctionnement de notre corps. « La respiration est un vecteur d’énergie. C’est un carburant », souligne-t-elle.

Passionnée de biologie et de nutrition entre autre, Isabelle Bleuze est pharmacienne et naturopathe dans la région parisienne depuis 25 ans.

Ce n’est pas tout, la respiration agit aussi sur la vitesse des échanges cellulaires, sur le système nerveux et les hormones. La naturopathe est catégorique : « C’est pour cela que la respiration a un énorme pouvoir. En pratiquant une respiration profonde, diaphragmatique, on peut aider à résoudre de nombreux problèmes », assure-t-elle.

OK, bonne nouvelle, mais quels problèmes ?

L’effet « détente »

Isabelle cite d’abord l’effet « détente » de la respiration profonde et explique, « la respiration touche le nerf vague qui est le plus long nerf du corps qui court de la base du cerveau à l’abdomen. Et il se trouve que l’action de la respiration sur le nerf vague a de multiples bénéfices. En respirant en profondeur, on vide notre tête. On se débarrasse de notre cogitation. On agit sur l’humeur. On améliore notre clarté mentale. On se connecte plus facilement à notre intuition ». Isabelle poursuit : « on peut aussi travailler sur le sevrage lorsqu’il y a addiction, la perte de poids, l’envie de grignoter ».

La respiration peut agir même sur la fertilité

Autre élément capital de la respiration : le diaphragme, la cloison musculo-tendineuse en forme de coupole qui sépare l’abdomen du thorax. « En respirant au niveau du diaphragme, on apaise le cerveau et les intestins. On préserve le microbiote », affirme Isabelle, avant de continuer son scan du corps humain. « La respiration profonde peut faire beaucoup pour le mal de dos parce qu’elle aide à enlever les tensions ».

Pour Isabelle, la respiration peut agir même sur la fertilité : « la respiration aide à débloquer les secrétions hormonales liées à l’hypophyse et l’hypothalamus et cela a un impact sur la fertilité ».

Les choses bougent

L’Occident a mis bien plus de temps que les yogis à reconnaitre l’influence de la respiration sur la santé. Ceci dit, les choses bougent. Depuis plusieurs décennies, les résultats de nombreuses études scientifiques montrent les bienfaits que peuvent produire des exercices de respiration. Au point que le National Center for Complementary and Integrative Health américain (NCCIH) recommande les exercices de respiration (parmi d’autres techniques de relaxation) en cas d’hypertension artérielle, d’anxiété, de douleurs, pendant et après un traitement contre le cancer et l’insomnie. Alors, convaincu.e ?

Livre : Pranayama, la dynamique du souffle, d’André Van Lysbeth.