Le coronavirus m’a fait retrouver le chemin vers chez moi mais aussi tout simplement vers moi. Et vous, qu’est-ce que la pandémie vous apprend sur vous ?
« La maladie est un raccourci”, m’a dit ma professeure de yoga, un jour.
Je me rends compte, aujourd’hui, à quel point Aline avait raison. La pandémie et le confinement qui l’accompagne nous font revoir certaines choses qui ne fonctionnent plus dans notre vie–que ce soit un aspect de notre santé, un travail, une relation ou tout simplement la manière dont on gère une situation donnée.
Le coronavirus a eu, et a des répercussions sur ma vie aussi.
A la mi-mars, lorsque le gouverneur de l’état de Géorgie a instauré le confinement pour réduire la propagation du Covid-19. mon ami d’alors m’a convaincu de quitter mon appartement à Atlanta et de rester chez lui dans les Appalaches, à deux heures de route. L’amour, deux hectares de terres, un immense potager m’ont semblé d’excellentes raisons de me décider. J’ai fait mes valises et je suis partie.
J’avais une autre motivation pour partir, plus inconsciente. C’était le besoin d’être entendue et acceptée, et de trouver ce que j’ai cherché toute ma vie–un nid où me sentir en sécurité.
Ce jour de mars, je conduisais donc vers le paradis.
Trois semaines auront suffit pour que je me rende compte, qu’aussi beau qu’il soit, ce paradis était le sien, pas le mien. Souvent, je peinais à trouver ma place. Je sentais que j’étais une anomalie dans ce lieu, qu’il me fallait faire des efforts pour être acceptée. Il est arrivé un moment où je disais « oui » alors, qu’en vérité, je voulais dire « non » plus souvent que je ne l’aurais voulu. Je sentais que je commençais à « negocier » avec mon intégrité.
Au bout d’un moment, j’ai fini par dire « non ». J’ai choisi de me confronter avec ma peur d’être rejetée. Un sacré accomplissement pour moi qui ait passé la plus grande partie de ma vie à satisfaire les besoins et les désirs des autres avant les miens.
J’ai aussi choisi de confronter ma peur de traverser une Géorgie et un Atlanta confinés, en prise avec la pandémie.
Sur le chemin du retour, je me suis sentie en paix. « En sécurité dans ton intégrité », m’a justement dit mon ami Roy.
Depuis, je commence à faire quelque chose que je n’ai jamais fait auparavant. Je construit mon propre paradis.
Que ce soit pratiquer le yoga, ré-organiser mon bureau, replanter, être connectée avec ma famille ou mes amis, enseigner le français ou le yoga, écrire mon blog, cuisiner ou je ne sais quoi, je construis mon propre nid. En toute sécurité. Ce que j’ai cherché pendant toutes ces années à l’extérieur, se trouvait en fait à l’intérieur de moi.
Je me sens en accord avec moi-même. Je le sens dans mon corps. Et finalement quelle meilleure protection contre une maladie mortelle ?