Trouvez ce qui vous apporte de la joie et faites-le à haute dose !

Si vous voulez vivre longtemps et en bonne santé, faites des choses qui vous apportent de la joie. Ces choses-là vous rapprochent de votre nature profonde. Et tout ce qui vous rapproche de votre nature profonde est le chemin vers plus de bien-être et de santé.

J’ai passé le long week-end de Memorial Day à faire quelque chose que j’aime, de la contradanse. En tant que française, J’ai du mal à expliquer ce qu’est la contra. Je n’en avais jamais entendu parler jusqu’au jour où une amie, Stephanie, m’a amenée au “Contra Danse Hall” au festival de musique LEAF à Asheville en Caroline du Nord. Il faut dire que la plupart de mes amis américains, non plus, ne connaissent pas la contra. On appelle ça une “subculture” ici.

La contradanse est inspirée des danses anglaises et françaises du 17e siècle, revues à la sauce américaine en quelque chose de swinguant et festif. On danse la contra avec un ou une partenaire en formant deux lignes, l’une pour les femmes et l’autre pour les hommes. Les partenaires sont face à face pendant qu’un “caller” indique les pas à faire. Qui dit contradance dit aussi musique live. La contra se danse sur de la musique celtique, celle des Appalaches du Sud, du jazz, du blues par des musiciens qui se produisent live. Le rythme de la contra, ce sont les esclaves qui l’ont apporté d’Afrique. Pendant la danse elle-même, les deux lignes de danseurs forment des cercles, des rectangles, toute sorte de formes géométriques. Vue du ciel, la contradanse ressemble à un kaléidoscope d’hommes et de femmes.

Quand je contradanse, je virevolte, je bascule à gauche, à droite, je change de place avec le danseur en face de moi, je regarde mon partenaire dans les yeux. C’est vivant et vibrant. Bref, j’aime la contra. L’autre jour, un danseur m’a dit que la contra est une activité puissante, que c’est de l’amour. Sa description me parle. Ce qui est certain c’est que la contra m’a permis de me reconnecter avec une de mes passions, la danse, que j’avais choisi d’oublier depuis mon adolescence. Je n’aurais jamais imaginé que j’allais revenir à la danse tant d’années plus tard et sous cette forme-là. La vie trouve toujours le moyen de me surprendre.

Nourrir notre âme

Pourquoi parler de contra sur un blog dont le sujet est la yoga thérapie, vous me direz ? Parce que la contra apporte de la joie. Et quand nous ressentons de la joie, nous nourrissons notre âme. Et quand nous nourrissons notre âme, nous facilitons le chemin vers notre guérison physique ou émotionnelle.

Que vous soyez sur le chemin de la guérison ou tout simplement à la recherche de plus de vie, je vous encourage à examiner ce qui vous apporte durablement de la joie, ce qui nourrit votre âme. Nourrir votre âme vous rapproche de ce que vous êtes au plus profond de vous. Baruch Spinoza, le philosophe hollandais du 17ème siècle, est le penseur qui s’est le penché le plus longuement sur cette émotion. Il est arrivé à la conclusion qu’à chaque fois que l’on fait un pas vers ce que l’on est au plus profond, on fait l’expérience de la joie.

Lâcher les vieilles croyances

Ce mouvement vers ce que l’on est au plus profond, vers la joie, exige parfois de lâcher des croyances ou des schémas répétitifs. C’est ce qui m’arrive. J’ai grandi dans une famille où le “dur labeur” était omniprésent avec peu de place aux plaisirs de la vie. Chaque jour, je ré-évalue la place du travail tel que je l’entendais auparavant et je ré-organise ma vie de manière à ce que la joie prenne la place centrale. C’est une vigilance de chaque instant pour moi qui ait grandi avec l’effort souvent comme seul compagnon.

Je me souviendrais toujours de ce docteur et nutritioniste que j’ai rencontré en 2004 à Paris. Je venais de reçevoir le diagnostique de mon premier cancer du sein. Il m’a donné des conseils sur la nutrition que je continue à suivre aujourd’hui. Il m’a aussi parlé de cet homme qui avait eu un cancer incurable. Les docteurs lui donnaient un an à vivre. L’homme avait alors decidé de vivre le rêve de sa vie et de parcourir le monde sur un bateau à voile. Contre toute attente, l’homme a guéri et vécu bien longtemps après avoir reçu son funeste diagnostique. Mon docteur a fini notre conversation en me disant, “si il y a quelque chose dont vous rêvez, faites-le, cela peut changer beaucoup de choses”.

Mi mai, j’étais au festival de Leaf à Asheville (Caroline du Nord) où je n’ai pas pu m’empêcher de passer le plus clair de mon temps dans le « contradance hall ». Dans la soirée du samedi 12 mai, nous étions 250 danseurs à swinguer jusqu’à pas d’heure. Photo: Patrick Olin.

Guérisseuse née

Mes tout premiers souvenirs d'enfance sont des souvenirs où je me vois réconforter ma mère et d'autres. Rien d’étonnant donc que j’ai mis au point ma propre méthode pour aider la personne à (re)trouver le chemin du bien-être, Yoga for Renewal.

J’ai trois ou quatre ans. C’est le milieu de la nuit et je suis chez moi, dans notre petit deux pièces perché au 4ème étage d’un immeuble sans ascenceur à Belleville à Paris. Mon père est en déplacement, il construit une école ou un hôpital en province, dort dans un sac de couchage sur le chantier. Il n'y a pas assez d'argent pour l'hôtel. Je suis là, debout au milieu de l’appartement et je regarde ma mère. Elle est dans la salle de bains, debout aussi, la tête penchée au dessus du lavabo. Il n’y a presque pas de lumière. Elle saigne du nez. Je vois le sang tombé, goutte à goutte, j'ai l'impression pendant des heures. J’ai peur. Je n’aime pas voir ce rouge sur le blanc de l’émail. Je veux rester là au cas où elle aurait besoin… Plus tard, elle me confirmera que ses saignements de nez –qui arrivaient toujours au beau milieu de la nuit et quand mon père était absent— duraient bel et bien des heures.

En panique

Une autre nuit. J’ai le même âge, peut-être plus petite encore. Mon père est en province, il travaille sur un autre chantier. Je suis emmitoufflée dans une couverture, dans les bras de ma mère. En panique, elle dévale les quatre étages de l’immeuble où nous vivons. Nous sommes à l’arrière d’un taxi. Le chauffeur a une voix bienveillante. Il doit se demander ce que nous faisons dehors à cette heure-ci. Plus tard, ma mère me dira qu’elle avait des pulsions suicidaires ; le vide l’attirait… Quand elle sentait ces pulsions venir, elle me prenait dans ses bras et nous descendions les escaliers à toute vitesse jusqu’à ce qu’elle aille mieux.

Il y a des années un jour que ma mère et moi nous baladions à Montmartre, un artiste a dessiné la silhouette de nos visages.

J’ai huit ou neuf ans. C’est l’été et nous sommes en vacances en Espagne. C’est joyeux l’Espagne, et mon père est avec nous ! Malgré tout, ma mère s’écroule peu à peu. Elle n’arrive plus à rester debout plus de cinq minutes sans perdre connaissance. Personne ne sait pourquoi y compris les médecins. Je tiens la main de mon père tandis que nous marchons sur le petit port. Je me demande ce que je pourrais faire pour le réconforter.

Se dire, respirer et sentir son corps

J’aide l’autre à aller mieux. Je l'ai fait du plus loin que je me souvienne. Et je danse. Ces deux-là sont le sens de ma vie. J’ai mis du temps à le savoir, à l’accepter. Il a d’abord fallu que ma mère commence son propre chemin de guérison, quelques années après l'Espagne. Ensuite, elle m’a prise par la main, lorsque j’étais jeune adulte, pour que moi aussi je cicatrise les traumatismes et blessures transmis par le sang. J’ai dû aussi me libérer de mon besoin d’être ce que mon père voulait que je sois—employée dans une grande entreprise. Et puis la vie a une façon de vous pousser à vous rapprocher de qui vous êtes au plus profond. Vous avez remarqué ? Dans mon cas, l’univers a mis deux cancers sur mon chemin, à dix ans d’intervalle. Ils ont fini par m’aider à trouver le sens de ma vie !

J’ai même créé mon propre style de thérapie holistique, Yoga for Renewal. Si vous êtes prêt(e) à tenter quelque chose de nouveau sur votre chemin de guérison, donnez-moi la main et rejoignez-moi pendant une séance individuelle ou la retraite de yoga que j'organise en Picardie cet été.  Quelque soit la formule, il y a un espace pour vous dire et un espace pour respirer et sentir votre corps. “C’est cette combinaison-là qui aide à  guérir”, dit ma mère. Elle sait. Elle a fait l’énorme travail nécessaire pour panser ses blessures et apprivoiser ses démons. Ma mère, c'est mon héroïne.